Bakari GUEYE

Mauritanie : Recomposition du paysage politique

Crédit photo:AM

Les élections générales du 1er septembre dont les résultats se font toujours attendre préfigurent un véritable chambardement du paysage politique.

En effet, le parti au pouvoir malgré tous les atouts dont il dispose (complicité des services du gouvernement, moyens de l’Etat, soutien du président de la République…) n’a pas pu réaliser l’OPA annoncée en grande pompe par le président Aziz. Au contraire, ce parti a été acculé jusque dans ses derniers retranchements et son million de supposés adhérents, que lui envierait le PC chinois, se sont volatilisés le jour du vote laissant ainsi la place à ceux de l’opposition qui se sont révélés plus concrets et qui se sont mobilisés massivement réalisant du coup des scores importants.

C’est ainsi qu’un peu partout et notamment dans les grandes agglomérations urbaines, l’opposition a pu damer le pion au parti au pouvoir dont la prestation était très en deçà du taux espéré.

Cette dégringolade a permis aux candidats de l’opposition de combler le vide avec notamment une montée en flèche du parti islamiste Tawassoul, bête noire du régime mauritanien.

Autre coup dur pour le pouvoir, l’accès à l’assemblée de Birame Dah Abeid, président du  mouvement anti-esclavagiste IRA, qui a démontré qu’il va falloir désormais compter avec lui avec un réservoir électoral non négligeable qui a bénéficié au parti nationaliste arabe Sawab, qui est devenu du coup un acteur politique de poids.

A noter qu’en dehors de Birame, d’autres cadres de son mouvement feront également leur entrée au parlement. Il y aura aussi d’autres défenseurs des droits de l’homme et membres éminents de la société civile comme Samory Ould Bèye dont le parti Am Moustaghbal fait également une entrée remarquée à l’Assemblée.

Autre nouveau venu dans le paysage politique, il s’agit de l’Alliance nationale pour la démocratie (AND) que dirige le tonitruant Mohamed Ould Moine dont le passage à l’assemblée dans une précédente législature sous les couleurs du RFD avait marqué tous les esprits.

A l’occasion de ces élections, l’AND qui a présenté des candidats un peu partout dans le pays a fait beaucoup mieux que la plupart des partis traditionnels qui avaient une présence plus ou moins remarquable. L’AND se positionne ainsi comme un partenaire avec lequel il va falloir désormais compter sur la scène politique.

Ces élections ont également été marquées par des coalitions intéressantes au sein des partis de l’opposition comme celles entre les islamistes de Tawassoul et beaucoup de partis, sans compter la grande coalition du FNDU et celle entre les FPC et l’AJD-MR. Face à ce rouleau compresseur dont les islamistes ont été le véritable catalyseur, les défenses du parti au pouvoir n’ont pas pu résister, ce qui explique l’ampleur des dégâts au sein de l’UPR, le parti Etat dont l’implosion à la veille des élections avec la désignation des candidatures a permis l’émergence de certains partis cartables qui ont su tirer leur épingle du jeu au finish avec plusieurs élus(des mécontents de l’UPR).

D’un autre côté, ces élections ont permis à certains grands ténors de la scène politique qui sont dans les rangs de l’opposition de faire leur baptême de feu à l’Assemblée nationale. Tel est le cas du président de l’UFP, Mohamed Ould Mowloud et de la tête pensante de l’APP, le doyen Ladji Traoré, pour ne citer que ceux-là. Ainsi avec des hommes de cet acabit qui ont la compétence et l’expérience requise, on pourra dorénavant rêver d’une assemblée nationale respectable qui ne sera plus qu’une simple chambre d’enregistrement.

Bakari Guèye

 

 

 

 

 

 


Rapport de HumanRights Watch sur les violences sexuelles en Mauritanie

 

crédit photo: KD

L’ONG américaine de défense des droits de l’homme, HumanRights Watch a convoqué une conférence de presse mercredi à Nouakchott, au siège du FONADH (Forum des Organisations Nationales des Droits Humains). A l’ordre du jour, la publication d’un rapport sur les violences sexuelles en Mauritanie, rapport intitulé : « Ils m’ont dit de garder le silence »: Obstacles rencontrés par les survivantes d’agressions sexuelles pour obtenir justice et réparations en Mauritanie »

Ce rapport, a été présenté aux journalistes par une équipe de l’ONG américaine comprenant, Sarah Leah Whitson, Directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HumanRights Watch, Eric Goldstein, Directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HumanRights Watch, Candy Ofime, Titulaire d’une bourse Sandler, division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HumanRights Watch et Hanan Salah, Chercheuse sur la Libye, division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HumanRights Watch.

D’emblée, Mr Eric Goldstein, a remercié le FONADH pour avoir accueilli dans ses locaux cette rencontre et les autorités mauritaniennes pour leur collaboration et leur disponibilité. Il a par la suite présenté succinctement l’ONG dont le siège est à New York et qui couvre 90 pays à travers le monde. Human Rights Watch est affirme-t-il une organisation indépendante qui ne reçoit pas de fonds gouvernementaux et qui est financé par des mécènes et des fondations. L’ONG s’occupe d’une large panoplie d’activités liées à la défense des droits humains (défense des droits des palestiniens, des détenus de Guatanamo, etc).

Et pour revenir au rapport sur les violences sexuelles envers les femmes en Mauritanie, ce rapport met en exergue la situation précaire et intenable de ces victimes le plus souvent incomprises et mises au banc de la société.

Il souligne les affres d’une stigmatisation accentuée par une inadéquation des textes juridiques qui font que ces victimes sont systématiquement présentées comme des boucs émissaires par la police et par les autorités judiciaires. Et leur situation déjà si précaire est aggravée par l’absence d’une assistance judiciaire appropriée et d’une prise en charge médicale, psychologique voire sociale.

C’est ainsi que pour Sarah Leah Whitson, Directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HumanRights Watch : « Les femmes et les filles mauritaniennes ne devraient pas courir le risque d’être emprisonnées, ou davantage stigmatisées, du seul fait qu’elles dénoncent des abus sexuels. » et Sarah d’ajouter : « Pour lutter contre les violences sexuelles, la Mauritanie devrait exiger que les forces de l’ordre et le système de santé publique cessent de traiter les victimes comme des suspectes, les soutiennent lors de leurs démarches judiciaires et de leur rétablissement, et traduisent les agresseurs en justice. »

Le rapport soulève un certain nombre de problèmes qui constituent une épée de Damoclès suspendue sur les têtes des victimes qui sont le plus souvent accusées de « Zina »(adultère) ; elles font face aussi au fait que la question est taboue mais aussi à une stigmatisation prégnante. Par ailleurs il n’y a pas d’espaces aménagées pour accueillir ces victimes ; et sur le plan médical, les procédures sont très chères et en Mauritanie, il n’existe qu’un seul médecin pratiquant la médecine légale.

Le rapport invite le gouvernement mauritanien à promulguer le projet de loi sur le genre, un projet de loi qui devrait pénalise le viol et prohiber le harcèlement. Aujourd’hui même si le viol est pénalisé dans le code pénal, il laisse une grande marge aux juges. De ce fait, l’application du texte sur la violence liée au genre constituerait de l’aveu des responsables de Human Rights Watch une avancée significative car ce texte prévoit la mise en place de chambres  criminelles spéciales pour juger les affaires de violences sexuelles.

Il y a lieu de noter enfin que pour confectionner ce rapport, Human Rights Watch a interrogé 33 filles et femmes victimes de viol mais aussi des membres d’ONG, des avocats et de hauts responsables du gouvernement mauritanien.

Bakary Guèye


Mauritanie : la CENI dans de mauvais draps !

Crédit photo AM/

Les mauritaniens sont allés aux urnes samedi dernier pour exprimer leur choix dans ce qu’il y a lieu de qualifier de scrutin le plus complexe de leur histoire. D’abord par le nombre impressionnant de partis et de candidats en lice, ensuite par le jumelage de cinq scrutins différents.

Ainsi pour des électeurs qui sont pour beaucoup des analphabètes, il s’agissait d’une véritable corvée synonyme du nettoyage des écuries d’Augias. Et comme il fallait s’y attendre, les bulletins nuls ont eu la part belle.

Mais ce qui retient le plus l’attention aujourd’hui, c’est l’annonce des résultats, une annonce qui se fait toujours attendre quatre jours après la fin du scrutin.

Et tout le monde a les yeux rivés sur la CENI qui apparemment est complètement débordée ; et vu l’ampleur des protestations venant des partis politiques en course qui commencent à crier au scandale et les interférences de l’administration qui tente d’intervenir ça et là pour sauver les meubles, on craint que la situation ne soit déjà hors contrôle, ce qui ouvrirait la voix à toutes les manipulations des résultats.

Ainsi, avec les graves anomalies signalés par certains leaders de partis et non des moindres, il y a lieu de s’inquiéter pour la transparence des résultats provisoires que la CENI devrait rendre public d’un moment à l’autre.

Quoiqu’il en soit, les premières tendances indiquent que la concurrence est très rude entre le parti au pouvoir et certaines grandes formations de l’opposition et notamment le parti islamiste « Tawassoul » qui, dans beaucoup de circonscriptions fait jeu égal avec le parti présidentiel voire même le devance carrément.

Voilà qui ne va pas faire l’affaire du président mauritanien qui avait pour objectif premier de barrer la route à ces islamistes qu’il a qualifié de dangereux agitateurs.

Nous serons donc certainement très loin du raz-de-marée des élus du parti au pouvoir notamment au sein de l’Assemblée nationale, un raz-de-marée qui aurait permis au président Mohamed Ould Abdel Aziz, dont le dernier mandat touche à sa fin, de tripatouiller la constitution pour s’éterniser au pouvoir.

C’est visiblement peine perdue car les mauritaniens semblent avoir décidé autrement en votant en grand nombre pour les candidats de l’opposition qui vont entrer en force à l’assemblée nationale et qui vont donner du fil à retordre aux béni-oui-oui d’une éventuelle majorité qui serait réduite comme une peau de chagrin.

Bakary Guèye


Mauritanie : une horde de badauds à l’assaut du parlement !

Vue d’une manifestation électorale

Les mauritaniens s’apprêtent à aller aux urnes pour les élections législatives et locales, il s’agit donc d’élire des députés, des maires et des conseillers régionaux. Le scrutin, prévu le 1er septembre, passe pour être le plus disputé et le plus complexe depuis l’avènement de la démocratie dans le pays, c’est à dire depuis la fin du siècle dernier.

En effet, la pléthore de candidats représentant les partis en compétition (près d’une centaine pour une population de moins de 4 millions d’habitants) et le jumelage des cinq scrutins prévus simultanément constituent une équation qui sera difficile à résoudre quand on sait que la plupart des électeurs sont des analphabètes.

Le vote sera d’autant plus difficile qu’il va falloir voter cinq fois en effectuant son choix parmi une longue liste où sont alignés des logos aussi complexes que les hiéroglyphes. Le pauvre électeur mauritanien devra donc se transformer en Champollion pour espérer s’en sortir, ce qui, bien entendu, est une utopie.

Cette pléthore de partis politiques et de candidats constitue une épée de Damoclès pour la jeune démocratie mauritanienne, qui en est encore à ses premiers balbutiements…

Ainsi, la médiocrité des responsables des partis et des états majors politiques, les mentalités rétrogrades et le conservatisme ambiant ont conduit à des choix de candidats pour le moins criticables, des choix faits sur des bases purement subjectives, des critères tribaux, ethniques, régionalistes et raciaux.

La réalité c’est que la Mauritanie baigne en plein népotisme. Cette dérive a entraîné, dans plusieurs camps, des choix surréalistes, avec parfois des analphabètes et de parfaits inconnus qui ont été cooptés pour des postes électifs aussi prestigieux et importants que celui de député !

Cette dévaluation de la démocratie et cette tendance à la médiocrité est d’autant plus inquiétante que les règles du jeu sont crânement foulées aux pieds : le choix des candidats n’obéit à aucun critère juste et approprié, mais le Trésor Public a cependant pris la précaution de soutirer aux milliers de candidats des cautions substantielles, qui lui ont permis de renflouer ses caisses.

Le niveau intellectuel et politique des candidats, qui laisse à désirer, se reflète dans la campagne électorale qui bat son plein depuis le 17 août. En effet, les QG de campagne installés ça et là dans les villes et les campagnes rivalisent à coups de décibels en distillant à longueur de journée des chants rythmiques à la gloire des candidats.

Quant aux programmes, ils sont renvoyés aux calendes grecques, pour ceux qui en ont un ! Pour les autres, c’est-à-dire la plupart des candidats, avoir un programme importe peu, c’est même le cadet de leurs soucis.

Voilà le tableau. La campagne touche à sa fin et  les mauritaniens doivent se rendre aux urnes dans deux jours. Ils ne peuvent cependant compter sur personne pour vulgariser la procédure du vote. Ni sur la  Commission électorale nationale indépendante (CENI), sensée superviser le processus électoral mais en quête de crédibilité, et encore moins sur les candidats, qui ne sont préoccupés que par une seule chose : être élu le jour J et accéder aux avantages de la fonction élective, sans contrepartie aucune.

Bakari Guèye

 


Mauritanie: Alerte à la famine au Gorgol

Crédit photo:Google

Le spectre de la famine plane à nouveau sur la région du Gorgol, au Sud de la Mauritanie. Pourtant l’un des greniers de la Mauritanie mais où les paysans exploitant les périmètres pilotes (PPG1 et PPG2) sont soumis au diktat des autorités par l’entremise de la CDD qui refuse de donner le feu vert pour le lancement de la campagne annuelle tant que ses créances n’ont pas été recouvertes à 100%.

Face à une telle aberration, le collectif des paysans du Gorgol a décidé de lancer un cri d’alarme pour alerter les autorités et les partenaires au développement des dangers encourus.

C’est dans ce cadre qu’il convient d’inscrire la conférence de presse tenue ce dimanche 05 février à l’hôtel Khater de Nouakchott.

Cette conférence a été organisée sous l’égide du Réseau des Organisations pour la Sécurité Alimentaire(ROSA) en partenariat avec Oxfam et la Coopération espagnole.

Dans son mot introductif, M. Baliou Coulibaly, l’auteur de cette initiative et porte-parole des paysans a affirmé que : «  l’un des principaux objectifs de cette conférence c’est d’amener l’opinion publique à travers la presse à comprendre la situation des paysans de Kaédi afin d’amener les pouvoirs publics et les partenaires à agir. »

Et monsieur Coulibaly d’ajouter : « Certains estiment que les paysans du Gorgol sont gâtés. Au contraire, depuis plus de 20 ans, ces paysans vivent dans une insécurité récurrente. Aujourd’hui ; l’agriculture ne nourrit plus son homme. La production est partie de 8 tonnes à l’ha en 1978 à 3 tonnes aujourd’hui.»

Pour sa part, M.Mamadou Sarr, président du ROSA a réaffirmé l’engagement de son réseau à assister les paysans du Gorgol et ce en développant un plaidoyer auprès des hautes autorités du pays qui soutient-il « doivent être les premiers à assister les populations en détresse. »

Pour M/Sarr, il conviendra aussi de mobiliser les paysans afin de les écouter et d’étudier les modalités de coopération. Le président du ROSA n’exclut pas l’organisation d’une contre-campagne destinée à soulager les paysans sinistrés.

Prenant la parole à son tour, M.Niang Samba Demba ex chef du PPG et actuel président du bureau régional des agriculteurs de Kaédi a fait le point sur la question ; affirmant que : « La situation actuelle est très complexe car une ville comme Kaédi qui ne vit que d’un périmètre agricole exploité une fois par an, si elle ne l’exploite pas, c’est la catastrophe. »

  1. Niang ajoute : « Il y a eu des crises par le passé mais ce qui se passe cette année, c’est grave car, ce sont les deux périmètres qui sont inexploités. Donc, une aide d’urgence s’impose.»

Suite aux questions des journalistes, des précisions et autres éclaircissements ont été apportés. C’est ainsi que l’ensemble des intervenants se sont émus de l’attitude des autorités, qui au moment où le pays s’emploie à atteindre son autosuffisance alimentaire, abandonnent à leur triste sort des paysans qui ne demandent qu’un petit coup de pouce pour contribuer à l’atteinte de cet objectif.

Autre mise au point, elle concerne la différence qu’il convient de faire entre petits exploitants réunis au sein de coopératives et les ténors de l’agro-business. Et, paradoxalement, ce sont ces derniers qui bénéficient des bonnes grâces des autorités. C’est ainsi par exemple qu’un seul gros exploitant aurait bénéficié d’un effacement de dette s’élevant à 40 millions d’ouguiyas, au même moment les exploitants du PPG n’ont bénéficié que d’une éponge de 11 millions.

Notons qu’à l’issue de cette conférence, un communiqué de presse signé le Collectif des Paysans et daté du 05 février a été mis à la disposition des journalistes.

Ce communiqué dresse un état des lieux plus ou moins exhaustif. Il nous apprend que l’inexploitation des deux périmètres du Gorgol qui couvrent une superficie de 3000 ha exposent 15000 ménages à « une crise alimentaire certaine ».

Le communiqué pointe un doigt accusateur vers les autorités « qui arguent le non payement des redevances qui selon les autorités locales seraient de mauvais payeurs ».Seulement, à en croire les responsables des comités de gestion de ces périmètres cités dans le communiqué, cette situation s’explique par : « le non respect des calendriers culturaux, la spéculation autour des intrants ainsi que l’absence cruciale de matériel agricole nécessaire à la préparation des sols… »

Le communiqué ajoute que : « En plus du risque de famine, une telle situation d’absence de campagnes rizicoles, expose les communautés à des risques de conflits liés à la rareté des pâturages entraînant une pression plus grande sur les ressources disponibles. »

Dans ce communiqué, les paysans regrettent la démission des cadres ressortissants de la zone et reconnaissent que l’Etat ne peut pas à lui tout seul s’occuper de tout. Mais toujours est-il que les autorités publiques qui ont la plus grande part de responsabilité à l’égard de ces populations en detresse sont invités par le collectif des paysans à agir au plus vite pour apporter une aide d’urgence et « permettre le démarrage d’une campagne de contre saison d’urgence avec des subventions qui prennent compte de l’aspect familial de ces exploitations rizicoles. »

Bakari Guèye

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Mauritanie : Terrorisme, migration irrégulière et extrémisme violent

Crédit photo/Nouakchottonline

Le réseau des associations de jeunes de Nouakchott, en collaboration avec l’Organisation Internationale des Migrations(OIM) a organisé le samedi 04 février dans les locaux de la Commune d’Elmina une journée de sensibilisation sur le terrorisme, la migration irrégulière et l’extrémisme violent.

Cette journée s’est déroulée sous la supervision des autorités communales et administratives. On notait entre autres des représentants du ministère de la jeunesse et des sports, du préfet du département et du Maire de la Commune d’El Mina.

Les participants ont pu suivre un exposé sur la thématique à l’ordre du jour, un exposé présenté par M. Isselmou Ould Salihi, expert en la matière et directeur du centre des droits de l’homme.

Dans son allocution de bienvenue, M.Oumar Ould Abdallahi, représentant du maire d’El Mina a souligné que la problématique de la migration clandestine et de l’extrémisme violent concerne le monde entier. Il a invité au passage les jeunes à tirer profit de cette formation.

A son tour, M.Moussa M’Barek, au nom du réseau des associations de jeunes de Nouakchott remercié les invités avant d’inviter les jeunes présents à cette formation de bien assimiler les différents enseignements afin de les restituer à la base.

Pour sa part, Madame Tomoto Sato, qui représente l’OIM a mis en exergue le rôle joué par cette organisation qui a réalisé plusieurs actions au profit des forces de sécurité mauritaniennes et des migrants.

Madame Tomoto Sato s’est également félicité du travail accompli par l’OIM en collaboration avec des associations de jeunes dans le domaine de la sensibilisation contre les méfaits de la migration irrégulière, le radicalisme et l’extrême violent ainsi qu’un Forum de discussions et de débats au profit des jeunes.

Entrant dans le vif du sujet « Les dangers de la migration irrégulière, le terrorisme et l’extrémisme violent » M. Isselmou a décortiqué le sujet en mettant en évidence les tenants et les aboutissants.

L’expert a tout d’abord exposé les différentes définitions et acceptions des notions de terrorisme, extrémisme violent et immigration clandestine.

S’agissant du terrorisme, c’est : «Un mode d’action auquel ont recours des adversaires qui s’affranchissent des règles de guerre conventionnelle pour compenser l’insuffisance de leurs moyens et atteindre leurs objectifs politiques.»

Quant à l‘extrémisme violent c’est « un processus par lequel une personne ou un groupe adoptent des points de vue radicaux qui se traduisent par des comportements violents et versent ainsi dans le terrorisme. »

S’agissant de l’immigration clandestine, elle a été définie comme « l’entrée illicite sur un territoire national d’étrangers n’ayant pas réalisé les formalités. »

Parlant des causes du terrorisme, le conférencier a énuméré une longue liste comprenant la pauvreté, le chômage, l’analphabétisme, l’injustice, l’humiliation, l’absence de l’Etat, la crise de valeurs, l’influences extérieures, la politique de deux poids deux mesures …

Pour l’immigration clandestine, M. Salihi a mis en avant des facteurs économiques (précarité), politiques (crises) et sociaux (ambitions ou recherche de regroupement). Il a par ailleurs noté que des voies dangereuses  sont empruntées par les migrants et leurs passeurs vers l’’Espagne, l’Italie et la Grèce…

Abordant les conséquences du terrorisme, le formateur a égréné un lot de désolation avec une « Stratégie de choc  alliant attentats, attaques, décapitations,, films d’horreur et enlèvements, viols, mariages forcés … »

Et, pour ce qui est de l’immigration clandestine « Selon les estimations 19 144 immigrés principalement Africains et Maghrébins sont morts aux frontières de l’Europe entre 1988 et 2013, dont 8 479 sont disparus en mer. En Méditerranée, dans le Canal des Sicile  entre l’Algerie et l’es iles de Sardaigne, aux larges des Iles canaries et du Detroit de Gibrartar. Il y a également des milliers de morts sur les routes du Sahara le long des pistes entre le Soudan, le Tchad, le Niger et le Mali d’un côté et la Libye et l’Algérie de l’autre. A la mort s’ajoute la maltraitance, la xénophobie le rejet, l’expulsion et la précarité des camps. »

A la fin de son intervention, le conférencier a dressé une batterie de recommandations pour baliser le terrain et permettre aux jeunes de ne pas tomber dans les travers de ces fléaux des temps modernes.

A noter que les jeunes ont eu l’occasion de débattre largement de ces problématiques et ont pu être édifiés sur tous les dangers qui les sous-tendent.

Bakari Guèye


Mauritanie : Le 4ème congrès du SNEF placé sous le signe de la relance

Crédit photo:B.G

Le staff du Syndicat National de l’Enseignement Fondamental (SNEF) composé des dirigeants et autres coordinateurs régionaux a tenu un conclave au siège de la CGTM à Nouakchott pour la tenue du 4ème congrès de l’organisation syndicale.

Les travaux qui ont duré deux jours ont débuté le mardi 27 décembre. La cérémonie d’ouverture a été présidée par M. Abdallahi Ould Mohamed Dit Nahah, Secrétaire Général de la CGTM et M. Diallo Hamady, Secrétaire général du SNEF.

Dans un mot prononcé pour la circonstance, M. Nahah a félicité les congréssistes tout en souhaitant une réussite éclatante de leurs travaux.

Il a souligné au passage que ce congrès se tient dans un contexte particulièrement difficile pour les employés du secteur public en général et ceux du secteur de l’éducation en particulier.

Les enseignants sont, souligne M. Nehah confrontés à des difficultés énormes( déroulement de carrières, conditions de vie difficiles…)

Cette situation peu reluisante a dit-il des répercussions négatives sur le système éducatif national qui connait une baisse de niveau inquiétante et une inadéquation entre la formation et l’emploi, ce qui aggrave la question lancinante du chômage des jeunes.

Et M. Nahah de poursuivre en enfonçant le clou : « Pour notre génération, l’enseignant était une idole. Il était respecté et percevait un salaire qui lui permettait de vivre décemment. Cela n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui où l’enseignant est obligé d’avoir le double de son horaire pour l’école publique dans le privé pour pouvoir survivre. »

Pour le secrétaire Général de la CGTM, les enseignants sont en partie responsables de ce triste sort car dit-il, ils ont baissé les bras et manquent de combativité.

Il a incité au passage le SNEF à prendre ses responsabilités pour relever le défi et permettre à l’enseignant de redorer son blason et à œuvrer pour l’avènement d’une école républicaine, un creuset pour tous les enfants du pays.

La CGTM, conclut-il ne ménagera aucun effort pour aider le SNEF à relever le défi.

A son tour M. Diallo Hamadi, Secrétaire Général du SNEF a dressé un bilan général. Parlant de la collaboration avec le ministère de l’Éducation Nationale, il a déploré l’attitude de ce dernier qui prend souvent des décisions unilatérales sans les consulter notamment au sujet des affectations et autres promotions.

M .Diallo s’est par contre félicité des relations du SNEF avec la CGTM ainsi qu’avec l’Internationale de l’Éducation qui se félicite-t-il aide beaucoup son syndicat dans un domaine aussi important que la formation.

Bakari Guèye,

 

 

 

 

 

 


Viande saoudienne : Un calvaire pour les pauvres de Nouakchott

Crédit photo: Yahoo

Les locaux de la préfecture de Dar Naim(Nouakchott) ont été pris d’assaut dimanche par des centaines de personnes démunies qui espéraient profiter de la distribution annoncée de la viande en provenance de l’Arabie Saoudite.

Malheureusement, ce fut la désillusion totale car tout le monde est rentré bredouille à la maison, mis à part un petit groupe d’usurpateurs qui a réussi à faire main basse sur les 6 bus contenant chacun plus d’une cinquantaine de caisses.

Des privilégiés se partagent le gâteau

En effet, il était convenu que la cargaison de chaque bus soit débarquée dans l’une des écoles désignées pour la circonstance. Mais cela ne fut pas possible malgré le bataillon de la garde chargé de sécuriser la zone. La pression populaire était si grande que les bus n’ont pas pu se frayer un passage dans les différentes écoles et, face à l’assaut des populations affamées et prêtes à tout pour arracher un morceau de viande, le chauffeur de chacun des bus et les 4 gardes qui étaient à bord, n’eurent d’autre choix que de s’enfuir avec le magot sauvant du coup leur peau d’un lynchage assuré. On dénombra plusieurs bléssés dont un petit enfant évacué d’urgence à l’hôpital Cheikh Zayed.

Pas d’intervention des notables locaux

Personne ne put donc profiter de cette distribution tant attendue et à en croire un notable local, chaque bus a été poursuivi par des personnes, civiles et militaires véhiculées, des personnes qui se seraient réparties la cargaison en lieu sûre, abandonnant ainsi les plus pauvres à leur triste sort. Selon ce même notable, le préfet est demeuré indifférent au malheur des populations qu’il aurait accusé d’être seules responsables de ce qui s’est passé.

Une bien triste incurie de nos autorités qui non seulement ne font rien pour assister des populations qui frisent la misère mais sont incapables de distribuer une aide venant de l’étranger et profitant le plus souvent à ceux qui en ont le moins besoin. C’est un secret de polichinelle, cette fameuse viande saoudienne qui est débarquée chaque année au port de Nouakchott, se retrouve plutôt non pas chez les pauvres auxquels elle est initialement destinée mais dans les frigos et les plats des riches. Et dire que nous sommes en République Islamique de Mauritanie !

Quoiqu’il en soit, les pauvres de Dar Naim à l’instar de tous les pauvres de Mauritanie (majorité de la population) n’en sont pas à leur coup d’essai. Durant la dernière fête de l’Aid El Kébir, une distribution similaire avait été annoncée à la veille de la fête. Les populations furent convoquées le lendemain jour de la fête dans une école. Des centaines d’entre eux avaient choisi de passer la nuit sur place. Mais, il avait fallu attendre toute la journée, jusqu’à 19 heures pour que les « bienfaiteurs » arrivent, et comme vous l’imaginez bien ce fut une pagaille indescriptible et seuls quelques personnes avaient réussi à arracher un petit kilo de viande.

Bakari Guèye


Nouakchott : les habitants de Dar Naim privés d’oxygène

Crédit photo: Mauri-envi

A Nouakchott, les habitants de Dar Naim vivent un véritable calvaire depuis vendredi : un déluge de gaz carbonique recouvre toute l’étendue du département et les résidents sont contraints d’ingurgiter une fumée âcre d’une haute teneur toxique.

Les nuages de fumée continuent encore ce samedi matin à obscurcir le ciel dans cette zone ainsi que dans les zones environnantes de Toujounine et d’Arafat, des cas d’asphyxie sont signalés ça et là… Ce désagrément – qui  pose un véritable problème de santé publique – laisse les autorités indifférentes. Comme toujours, les populations sont abandonnées à leur triste sort. En effet, ni le wali, ni le préfet et encore moins les autorités sécuritaires n’ont daignés lever le petit doigt. Ils ont tous failli à leur mission de protéger les citoyens qui sont pourtant leur raison d’être !

Il y a quelques jours les cours ont été interrompus dans plusieurs écoles de la zone, car, même dans les salles de classe, la fumée était devenue insoutenable.

Cette fumée provient de l’incinération des dépôts d’ordures situés dans la zone de l’avenue de la résistance (charea Aziz), une avenue devenue depuis quelque temps un véritable dépotoir. Auparavant elle avait été l’un des poumons de la capitale, un endroit où des centaines de famille pique-niquaient et profitaient de l’air pur. Malheureusement cela n’a pas duré longtemps, pour des raisons soit disant sécuritaires la zone avait été interdite aux promeneurs, depuis, les belles dunes de sable sont devenus de gigantesques dépotoirs et le lieu de prédilection des chiffonniers. Certains d’entre eux n’hésitent pas à mettre le feu aux ordures pour recueillir certaines choses (fil de fer, etc.).

Et ce sont les populations riveraines qui doivent en payer le prix, un prix exorbitant car, non seulement ces populations sont privées d’oxygène, mais elles doivent aussi faire face aux nombreux problèmes médicaux que cela crée, ce qui, bien entendu, a un coût.

Ainsi donc, après avoir été privées de produits de base dont les prix sont devenus prohibitifs, voilà maintenant que les populations sont aussi privées d’oxygène, c’est-à-dire de leur droit à la vie. Pendant ce temps les autorités brillent par leur absence et font comme si de rien n’était… Mais comment se fait-il que ni le wali, ni le hakem ne réagisse face à un problème qui met en danger la vie des populations ? Où va la Mauritanie avec des dirigeants aussi insouciants ?

Bakari Guèye


Mauritanie. Journée mondiale des toilettes : l’hygiène en milieu scolaire à l’ordre du jour

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Crédit photo: aicf

Comme chaque année, au mois de novembre, la Journée mondiale des toilettes a été célébrée en Mauritanie.C’est dans ce cadre que l’ONG Tenmiya, en collaboration avec le département de l’hydraulique et de l’assainissement, la Communauté Urbaine de Nouakchott et l’UNICEF, a organisé les 17 et 18 novembre à l’hôtel Mauricenter de Nouakchott, un atelier d’information à destination des journalistes du secteur de l’eau et l’assainissement et sensibilisation des écoliers à l’usage des latrines et le lavage des mains au savon.

C’est ainsi que le thème retenu cette année était : « Hygiène pour tous dans les écoles ».

Dans les exposés animés par des experts, les journalistes ont pris connaissance des dernières statistiques ainsi que des avancées en la matière et notamment en ce qui concerne le projet d’assainissement actuellement exécuté au nivau de la ville de Nouakchott.

S’agissant de la situation actuelle de l’accès à l’eau potable, le taux de couverture tourne autour de 68%. Pour la situation actuelle de l’accès à l’hygiène, on tend à vulgariser les bonnes pratiques et les bons comportements. Pour l’accès à l’assainissement, le taux de couverture est de 46% au niveau national, un chiffre qui date de 2010.Ainsi, 40% des ménages ont accès à l’assainissement.

Et, pour ce qui est du thème de cette journée, les experts sont arrivés à la conclusion suivante : l’hygiène en milieu scolaire est indispensable pour ne pas porter préjudice à la qualité des enseignements dispensés.

De ce fait, en plus des exposés ayant profité aux journalistes, les experts se sont déplacés vers une école de Tarhil(Département de Riyad), pour sensibiliser la famille scolaire et notamment les élèves aux bienfaits de l’assainissement et de l’hygiène.

Bakari Guèye