Rapport de HumanRights Watch sur les violences sexuelles en Mauritanie

5 septembre 2018

Rapport de HumanRights Watch sur les violences sexuelles en Mauritanie

 

crédit photo: KD

L’ONG américaine de défense des droits de l’homme, HumanRights Watch a convoqué une conférence de presse mercredi à Nouakchott, au siège du FONADH (Forum des Organisations Nationales des Droits Humains). A l’ordre du jour, la publication d’un rapport sur les violences sexuelles en Mauritanie, rapport intitulé : « Ils m’ont dit de garder le silence »: Obstacles rencontrés par les survivantes d’agressions sexuelles pour obtenir justice et réparations en Mauritanie »

Ce rapport, a été présenté aux journalistes par une équipe de l’ONG américaine comprenant, Sarah Leah Whitson, Directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HumanRights Watch, Eric Goldstein, Directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HumanRights Watch, Candy Ofime, Titulaire d’une bourse Sandler, division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HumanRights Watch et Hanan Salah, Chercheuse sur la Libye, division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HumanRights Watch.

D’emblée, Mr Eric Goldstein, a remercié le FONADH pour avoir accueilli dans ses locaux cette rencontre et les autorités mauritaniennes pour leur collaboration et leur disponibilité. Il a par la suite présenté succinctement l’ONG dont le siège est à New York et qui couvre 90 pays à travers le monde. Human Rights Watch est affirme-t-il une organisation indépendante qui ne reçoit pas de fonds gouvernementaux et qui est financé par des mécènes et des fondations. L’ONG s’occupe d’une large panoplie d’activités liées à la défense des droits humains (défense des droits des palestiniens, des détenus de Guatanamo, etc).

Et pour revenir au rapport sur les violences sexuelles envers les femmes en Mauritanie, ce rapport met en exergue la situation précaire et intenable de ces victimes le plus souvent incomprises et mises au banc de la société.

Il souligne les affres d’une stigmatisation accentuée par une inadéquation des textes juridiques qui font que ces victimes sont systématiquement présentées comme des boucs émissaires par la police et par les autorités judiciaires. Et leur situation déjà si précaire est aggravée par l’absence d’une assistance judiciaire appropriée et d’une prise en charge médicale, psychologique voire sociale.

C’est ainsi que pour Sarah Leah Whitson, Directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HumanRights Watch : « Les femmes et les filles mauritaniennes ne devraient pas courir le risque d’être emprisonnées, ou davantage stigmatisées, du seul fait qu’elles dénoncent des abus sexuels. » et Sarah d’ajouter : « Pour lutter contre les violences sexuelles, la Mauritanie devrait exiger que les forces de l’ordre et le système de santé publique cessent de traiter les victimes comme des suspectes, les soutiennent lors de leurs démarches judiciaires et de leur rétablissement, et traduisent les agresseurs en justice. »

Le rapport soulève un certain nombre de problèmes qui constituent une épée de Damoclès suspendue sur les têtes des victimes qui sont le plus souvent accusées de « Zina »(adultère) ; elles font face aussi au fait que la question est taboue mais aussi à une stigmatisation prégnante. Par ailleurs il n’y a pas d’espaces aménagées pour accueillir ces victimes ; et sur le plan médical, les procédures sont très chères et en Mauritanie, il n’existe qu’un seul médecin pratiquant la médecine légale.

Le rapport invite le gouvernement mauritanien à promulguer le projet de loi sur le genre, un projet de loi qui devrait pénalise le viol et prohiber le harcèlement. Aujourd’hui même si le viol est pénalisé dans le code pénal, il laisse une grande marge aux juges. De ce fait, l’application du texte sur la violence liée au genre constituerait de l’aveu des responsables de Human Rights Watch une avancée significative car ce texte prévoit la mise en place de chambres  criminelles spéciales pour juger les affaires de violences sexuelles.

Il y a lieu de noter enfin que pour confectionner ce rapport, Human Rights Watch a interrogé 33 filles et femmes victimes de viol mais aussi des membres d’ONG, des avocats et de hauts responsables du gouvernement mauritanien.

Bakary Guèye

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