Bakari GUEYE

Mauritanie/Elections : Défaite cinglante du parti au pouvoir

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Le département d’Arafat que l’histoire retiendra comme étant la commune la plus disputée du pays a été le théâtre ce samedi d’un combat de titans entre les islamistes du parti Tawassoul et  le parti au pouvoir (l’UPR).

Tawassoul qui avait remporté haut la main cette commune lors du 2ème tour des élections du 15 septembre dernier s’est vu débouté de sa victoire par la cour suprême qui, suite à un recours du parti au pouvoir avait décidé de recommencer le scrutin, un troisième tour-le premier dans les annales de la jeune démocratie mauritanienne-au grand dam d’une CENI dépassée par les événements et d’un Conseil Constitutionnel curieusement muet.

Ainsi l’occasion était une fois de plus donnée à l’UPR de déboulonner le puissant parti islamiste de son fief qu’il a su conserver depuis 17 ans contre les velléités hégémoniques du parti au pouvoir.

Et pour ce dernier cette fois-ci il fallait coûte que coûte remporter la commune d’Arafat, c’était une question de vie ou de mort, plus qu’un baroud d’honneur. Et il fallait surtout pas rater le coche au risque de provoquer l’ire des plus hautes autorités du pays qui ont un compte à régler avec les islamistes qui ne sont plus en odeur de sainteté depuis quelque temps.

De ce fait l’UPR a jeté tout son poids dans la bataille ; un plan de bataille bien huilé avec l’usage de l’artillerie lourde. C’est ainsi qu’ont été appelés à la rescousse toutes les personnalités sensés pouvoir faire pencher la balance du bon côté. Du premier ministre au ministre des finances à d’autres membres du gouvernement aux chefs tribaux en passant par les hommes d’affaires ;et cela en plus des 4X4 rutilantes et des liasses en l’air ; tout ce cocktail a été mobilisé pour un assaut final qui s’est soldé par un échec cuisant.

Le parti islamiste a en effet remporté cette nouvelle manche avec un écart de 675 voix creusant du coup l’écart car durant le précédent round Tawassoul l’avait emporté avec une différence de 131 voix.

L’UPR reçoit ainsi une belle raclée et les islamistes qui sortent grands vainqueurs de ce duel épatant nous donnent là une belle leçon de démocratie. Comme quoi il est utopique de vouloir aller à l’encontre de la volonté du peuple.

Bakari Guèye

 

 

 


Mauritanie :Journée Mondiale de lavage des mains: Organisation d’un atelier de sensibilisation

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A l’occasion de la journée mondiale pour le lavage des mains célébré chaque année en Mauritanie comme partout ailleurs dans le monde,l’ONG Tenmiya en collaboration avec le ministère de l’hydraulique et l’UNICEF a organisé le lundi 15 octobre à l’hôtel Mauricentre de Nouakchott un atelier d’information à destination des journalistes du secteur de l’eau, l’hygiène et  l’assainissement.

Ouvrant les travaux, le directeur de l’assainissement a souligné l’importance du lavage des mains, un acte qui,dit-il doit être ancré dans le comportement de chacun de nous.Et c’est surtout ajoute-t-il très important pour les populations les plus vulnérables car c’est avec les mains que se transmettent les maladies diarrhéiques et microbiennes.

Lui succédant, le représentant de l’UNICEF a affirmé que cette organisation accompagne depuis près d’une dizaine d’années la vulgarisation du lavage des mains en Mauritanie grâce à un programme d’appui au gouvernement et à la société civile.

Ce programme soutient-il est dirigé en partie vers le ministère de l’éducation nationale d’où la nécessité selon lui d’insister au niveau des écoles.

Il a cependant souligné qu’en Mauritanie les conditions d’hygiène sont en général très précaires avec notamment un problème d’accès à l’eau et au savon.

Intervenant à son tour,le président de l’ONG Tenmiya a mis en exergue les efforts fournis par son organisation.

Après les mots des officiels, les séminaristes ont pu suivre deux communications, la première sur la définition du lavage des mains et la seconde sur le wash dans les écoles.

Au cours de la première communication il ressort que le lavage des mains est un investissement peu coûteux et fort bénéfique. En effet des mains propres c’est bien pour soi et pour les autres aussi. Le lavage des mains s’inscrit ainsi dans les ODD.

Et pour réussir un bon lavage des mains,il convient de veiller à un bon rinçage des ongles, de la pomme de la main,entre les doigts et entre le pouce et les autres doigts, car ce sont là les zones où se concentrent les germes.

Dans la seconde communication, les chiffres montrent qu’en Mauritanie, il reste encore du chemin à faire pour accéder aux règles les plus élémentaires d’hygiène.

C’est ainsi que selon les donnés du wash de Riyad,le projet PCAEA/CUN,seuls 16 écoles disposent de latrines mais celles-ci sont inutilisables.

Au niveau rural,la situation est encore pire car le taux de couverture en latrines frise les 1% comme à Barkeol ou sur 230 écoles avec un effectif de 32000 élèves, on ne trouve que 92 latrines dont 80% ne sont pas fonctionnelles.

Le problème des mentalités, la démission collective et le manque d’intérêt des pouvoirs publics pour le lavage des mains constituent des tares qu’il conviendrait de dépasser. Et les efforts déployés par des ONG comme Tenmiya et l’UNICEF commençant apparemment à porter leur fruit car à en croire M.Tandja,coordinateur de l’ONG Tenmiya, les lignes commencent à bouger,mais faudrait-il que tout le monde se sente concerné. Et comme l’a expliqué si bien un cadre de l’UNICEF présent à cet atelier, le lavage des mains est une opération si simple et si bénéfique que l’État, le ministère de l’éducation, les associations de parents d’élèves doivent s’approprier car ses avantages sont incommensurables.

 

Bakari Gueye

 


Un proche du pouvoir à la tête du parlement mauritanien

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Comme prévu, le député de Zouérate et bras droit du président Aziz, Cheikh Ould Baya, a été intronisé lundi 8 octobre sur le perchoir de l’Assemblée Nationale. Ce scénario longuement mûri par le pouvoir a été exécuté sans encombre et M. Baya a été élu avec une majorité fort réconfortante : 118 voix sur 149.

Cette élection sonne comme une grande victoire pour le pouvoir et le président de la République, qui voit ainsi l’un de ses plus fidèles lieutenants accéder à la tête de cette chambre parlementaire qui aura la haute main sur toutes les grandes décisions, y compris celles ayant trait à une éventuelle révision constitutionnelle qui pourrait remettre en cause la limitation des mandats présidentiels.

C’est justement cette probable éventualité qui donne la chair de poule à une opposition encore sonnée par sa débandade électorale.

Et même si le tout nouveau patron de l’Assemblée Nationale s’est montré rassurant dans son premier discours : « Je m’engage à déployer tous les moyens dont je dispose pour que le parlement mauritanien exerce ses prérogatives sur la base de la loyauté à la République et le respect du principe de séparation des pouvoirs, leur coopération et leur cohésion au service du peuple mauritanien », les élus de l’opposition sont loin d’être rassurés sur les véritables intentions du pouvoir.

Quoiqu’il en soit, M. Baya aura du pain sur la planche et il doit d’ores et déjà se retrousser les manches pour faire passer ses décisions face à des élus de l’opposition qui semblent déterminés à ne plus accepter d’avaler des couleuvres. Vu la carrure des députés de l’opposition, on devrait assister à de chaudes empoignades, mais pour quel résultat, serait-on tenté de nous demander.

En tout cas, du fait de la suppression du Sénat, cette assemblée aura plus de poids ; c’est désormais la seule chambre représentant le pouvoir législatif et qui sera chargée de légiférer ; son président est le successeur constitutionnellement désigné du président de la République en cas d’empêchement, d’où son importance au sein de l’échiquier du pouvoir.

Les dés sont donc jetés avec l’ouverture tumultueuse de cette législature qui revêt un cachet particulier vu les enjeux qui pointent à l’horizon : l’organisation dans quelques mois de l’élection présidentielle, avec la question du troisième mandat qui sera sans nul doute le principal sujet d’attraction au sein de cette assemblée.

De ce fait, les députés auront un rôle décisif à jouer car ce sont eux qui détiennent la clé de l’avenir du pays. Ils ont donc le devoir d’avoir le sens des responsabilités en agissant pour une fois dans l’intérêt du pays.

En effet, malgré une accalmie qui s’est traduite par la tenue d’élections plus ou moins apaisées, la situation politique demeure malheureusement tendue et un consensus doit être trouvé coûte que coûte pour éviter à la Mauritanie de s’engager dans l’aventure de l’instabilité.

Bakari Guèye


Interview du président de l’initiative de soutien à la candidature de Mme Mint Abdel Malek à la présidence du Conseil Régional de Nouakchott

 

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1-M.El Hussein Dieng, vous fûtes un activiste connu de la société civile, particulièrement dans le domaine des droits humains et aujourd’hui on vous voit en première ligne sur le front politique, pouvez-vous vous présenter à ceux qui ne vous connaissent pas ?

Comme annoncé dans la question, je suis un produit de la société civile mauritanienne mais qui a travaillé dans la première société de téléphonie du pays. L’histoire m’a donné aussi l’occasion de travailler dans une ambassade qui n’existe plus sur la carte diplomatique du pays.

2-Comment jugez- vous la situation politique actuelle au sortir des élections qui viennent de se dérouler ?

Je profite de l’occasion pour rendre un hommage mérité à l’ensemble de la classe politique pour leur participation sereine, responsable et engagé dans l’intérêt supérieur de la nation. La classe politique a honoré le peuple mauritanien d’avoir ensemble prouvé à la phase du monde que seul le jeu démocratique peut réunir dans la différence comme dans le consentement. L’absence de contestation des résultats déjà publiés par la CENI est aussi une autre leçon que le peuple mauritanien prendra comme acte même s’il y’a eu des déclarations ça et là mettant en jeu des insuffisances.

Je suis de ceux qui pensent que nous avons des lendemains politiques meilleurs qui permettront au pays de mieux faire face aux enjeux.

3-Ces élections ont vu la participation de toute la classe politique et ont été saluées par des partenaires étrangers tels que l’Espagne, l’Union Européenne et même l’ONU, est-ce à dire que la crise politique qui a longtemps couvé en Mauritanie est maintenant derrière nous ?

Les nombreuses félicitations obtenues des partenaires étrangers ont prouvé que nous avons dépassé la phase critique politique qui avait conduit à des camps politiques séparés. Les partenaires ont constaté une maturité politique née de la volonté du Chef de l’Etat, son Excellence Mohamed Ould Abdel Aziz d’avoir organisé des élections inclusives, précédées d’une campagne politique sur toute l’étendue du territoire national. C’est le lieu et l’occasion de féliciter les gagnants et d’encourager celles et ceux qui avaient des intentions nobles pour la Mauritanie.

4-Personnellement quelle appréciation faîtes vous du déroulement de ces élections ?

Personnellement, je considéré que ces élections font partie des meilleures quintuplées qui n’ont jamais été tenues dans le pays. C’est la Mauritanie qui a gagné. Maintenant, les nouveaux élus ont du pain sur la planche et doivent comprendre que les mauritaniennes et mauritaniens sont très impatients des résultats qui devraient alléger leur train de vie quotidienne.

5-Donc pour vous les anomalies soulignées par l’opposition ne sont pas fondées ?

Les anomalies soulignées par l’opposition sont d’ordres humains car toute œuvre humaine est imparfaite. Les conférences de presse organisées par la CENI avant et lors de la publication des résultats qui ne sont pas encore validés par le conseil constitutionnel. Toutefois, ces élections ont été une réussite.

6-Vous avez piloté une initiative de soutien à la candidature de la présidente du Conseil Régional de Nouakchott, Mme Fatimétou Mint Abdel Malek, quel bilan tirez vous de cette action ?

Fatimétou Mint Abdel Malek est une pionnière de la politique qui a donné le meilleur d’elle-même pour le pays. C’est la première femme maire du pays qui a dirigé et géré la municipalité d’une main de maitre avec toute la simplicité et la rigueur nécessaire. Elle jouit de la reconnaissance des citoyens de la commune, de Nouakchott et du pays. Nous l’avons soutenu à cause de ses compétences, son savoir-faire mais aussi son fort passé social qui l’a amené à ne jamais faire de distinction entre les citoyens, du plus riche au plus pauvre.

Après son élection, le comité de soutien que j’avais mis en place avec les connaissances a été transformé en un Cadre d’Appui au Conseil Régional de Nouakchott. Et à travers elle, nous soutenons tous les autres conseils régionaux du pays qui ont la lourde responsabilité d’entreprendre le développement des wilayas.

7- Qu’est ce que le Conseil Régional pourrait changer dans la situation peu reluisante de notre capitale ?

Je vous renverrai à la feuille de mission des conseils régionaux qui auront la responsabilité, de promouvoir, d’initier et de prendre des décisions courageuses devant apporter des changements significatifs pour la vie des citoyens.

8-Le président de la République vient de faire une conférence de presse, il s’est prononcé sur le troisième mandat mais ses déclarations à ce sujet sont diversement appréciées,que pensez- vous de cette question qui divise tant les mauritaniens ?

Je suis de ceux qui pensent que le peuple mauritanien a élu encore sans pour autant qu’on y prête attention, son Excellence Mohamed Ould Abdel Aziz pour une continuité et d’autres responsabilités en lui accordant une majorité écrasante 89/157 députés. Il a donné le meilleur de lui-même en risquant parfois sa vie. Je suis sûr qu’au moment opportun comme il l’a dit, il apportera au peuple mauritanien la réponse que l’écrasante majorité du peuple attend de lui.

9- Comment jugez-vous la situation actuelle du pays, sommes-nous sur le bon chemin ?

La situation du pays est bonne car le pays a connu de profonds changements et est félicité partout par les bailleurs pour l’excellente gestion qui en découle. Cependant les difficultés rencontrées pars les citoyens sont conjoncturelles et surtout liées à la baisse des prix des matières premières du pays. Il faut toujours se rappeler que la Mauritanie vient de très

10-Un dernier mot ?

Je vous remercie pour l’occasion que vous me donnez de m’adresser au peuple mauritanien au lendemain des élections transparentes, crédibles et apaisées. Celles-ci ont été jugées par les observateursde la société civile mauritanienne et l’Union Africaine. On peut dire sans risque de se tromper que c’est une victoire historique pour l’ensemble de la classe politique.

Propos reccueillis Par Bakari Guèye


En Mauritanie, une rentrée scolaire comme les autres

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A la veille de la rentrée scolaire prévue le 1er octobre, le ministre de l’Education nationale n’a pas dérogé à la règle en présentant à l’occasion d’une conférence de presse, un bilan hautement positif notamment en ce qui concerne les infrastructures scolaires et le recrutement des enseignants.

Il y a aussi, à en croire le ministre, la mise à disposition du livre scolaire. C’est ce tableau très reluisant qu’il a présenté dans son discours à la famille scolaire et à l’opinion publique, qui a été largement diffusé par les médias.

Dans son bilan pour la décennie qui vient de s’écouler, le ministre de l’éducation nationale, a parlé de la construction de 409 établissements scolaires et du recrutement de 5000 enseignants au cours de la période allant de 2009 à 2018.

Seulement, le ministre a omis de parler de l’essentiel à savoir les résultats obtenus suite à ces investissements colossaux qui se chiffrent à des dizaines, voire des centaines de milliards de nos valeureuses ouguiyas.

En effet, sur ce plan la moisson est très maigre avec un enseignement d’une qualité quasi nulle et des résultats au baccalauréat avec l’un des taux d’admission les plus bas au monde.

Et la création d’écoles d’excellence et d’établissements spécialisés avec des critères qui laissent à désirer n’a pas changé grand-chose.

Ainsi, le manque cruel de formation des enseignants avec des niveaux lamentablement bas, l’absence quasi-totale de matériel didactique approprié et notamment de manuels scolaires, la carence et l’insuffisance de l’encadrement pédagogique, le mauvais pilotage du système, les conditions de vie et de travail exécrables des enseignants, tous ces facteurs ont contribué à la mise à genoux de l’école mauritanienne.

Et ce n’est pas fini : il y a aussi l’inadaptation des programmes scolaires et des méthodes d’enseignement. Ainsi, en quelques années seulement on est passé des méthodes traditionnelles à l’APC (Approche par les compétences) puis à l’APO (Approche par les objectifs) depuis l’année dernière. Et le comble c’est que tous ces changements récurrents de programmes et de méthodes se font entre quatre murs, sans concertation avec les enseignants qui sont sur le terrain et qui du jour au lendemain sont invités « par décret » à appliquer des choses dont ils n’ont jamais entendu parler. Et bien entendu, ces changements et ce remue-ménage constant coûtent des milliards au contribuable pour un résultat nul.

Cette descente aux enfers s’est accélérée depuis la réforme de 1999 dont l’application bâclée continue encore à faire des dégâts.

L’autre fois c’est un responsable américain qui a visité une école récemment construite à Dar El Barka (Brakna), un édifice si bien construit que notre hôte n’a pas hésité à comparer au « Taj Mahal » et, tenez vous bien, les habitants de cette localité vivent en dessous du seuil de pauvreté. C’est dire que cette infrastructure n’a pas sa raison d’être et on aurait dû exploiter plus judicieusement ce financement colossal. Cela dénote d’une dilapidation des biens publics et d’une absence manifeste de vision qui constitue un frein, entre autres, pour la mise sur les rails du système éducatif mauritanien.

Bakari Guèye


Mauritanie : Le président Aziz tenté par un troisième mandat

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La question du troisième mandat demeure toujours à l’ordre du jour. La polémique a été relancée de plus belle au lendemain de la prestation télévisée du président de la République dont les réponses évasives et frisant parfois la contradiction à ce sujet, laissent planer le doute sur ses véritables intentions.

L’homme assure qu’il va respecter la constitution qui ne lui donne droit qu’à deux mandats, dont le dernier qui touche à sa fin ; mais il soutient en même temps qu’il dispose d’une majorité confortable et que la constitution pourrait si le besoin se faisait ressentir être modifiée, et aucun article, ne pourrait soutient-il , être à l’abri de cette modification.

Et le président Aziz d’enfoncer encore un peu plus le clou, au grand dam de ses détracteurs en affirmant qu’il n’est pas prêt à baliser le chemin pour ceux qu’il a qualifié de gabégistes et leur livrer tous les acquis réalisés.

Cette curieuse assurance de rester seule maître à bord est renforcée par le fait que le président Aziz a catégoriquement refusé de dévoiler ses intentions après son départ du pouvoir. C’est là une attitude curieuse voire suspecte de celui qui est censée aller cultiver son jardin dans les tout prochains mois.

Autre attitude intrigante dans l’intervention du président, c’est le fait de donner raison à Ahmed Ould Dadah, son plus farouche opposant au sujet de la limite d’âge pour les candidats à la présidentielle, allant même jusqu’à faire la proposition à peine voilée, de revoir cette clause, ce qui ouvrirait la voie au tripatouillage tant souhaité de l’article concernant la limite des mandats.

Là on pourrait y voir une perche tendue à l’opposition radicale et notamment aux deux grands dinosaures de la scène politique mauritanienne à savoir messieurs Ahmed Ould Dadah et Messaoud Ould Boulkheir, tous deux touchés par la limite d’âge et qui pourraient, en acceptant le deal, qui est dans l’air, pouvoir briguer la magistrature suprême.

Comme on pourrait aisément l’imaginer à la lumière des déclarations faites devant les journalistes, le président Aziz n’a pas encore dit son dernier mot et l’opposition, ainsi que le peuple mauritanien sont d’ores et déjà avertis et il ne serait pas surprenant que le destin leur réservera l’un de ses désagréables coups fourrés dont ils ont maintenant l’habitude.

Bakary Guèye

 

 

 


Mauritanie : Assainissement en vue de la scène politique

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A l’issue du deuxième tour des élections les contours de la carte politique se précisent. C’est ainsi que parmi la centaine de partis-98 plus précisément-qui s’étaient présentés aux différents scrutins, seule une trentaine a prouvé sa viabilité plus ou moins relative, assurant du coup sa survie dans le champ politique.

Pour tout le reste du peloton, le droit à la guillotine sera irrévocable en vertu de la loi qui stipule que tout parti n’ayant pas pu obtenir 1% au cours de deux élections municipales successives, pour une raison ou une autre doit être automatiquement dissous.

Cette fameuse loi, c’est loi 2012/024 du 28 février  2012. Et en 2013, il y avait eu des élections. De ce fait, tous les partis-et ils sont légion- qui avaient manqué à l’appel en ratant cette compétition électorale, devraient le regretter aujourd’hui.

Ainsi, la mise à mort de ces partis bizarroïdes, dont certains ne disposent même pas d’un siège, ne doit plus être qu’une question de jours, malgré les gesticulations de leurs propriétaires de présidents qui ont déjà commencé à faire les couloirs, espérant du coup surseoir à l’exécution de la sentence susmentionnée.

Ces élections auront de ce fait eu pour premier résultat positif de contribuer à l’assainissement des partis politiques, un assainissement qui devrait d’ailleurs se poursuivre au sein des partis qui ont réussi à sauver leurs têtes.

En effet, il est grand temps d’appliquer la loi dans toute sa plénitude en interdisant systématiquement les partis à coloration ethnique, tribale, régionale, confessionnelle, voire raciste.

Malheureusement ces critères, on les retrouve toujours dans plusieurs partis, pour ne pas dire tous, mais à des degrés divers.

Seulement, la coupe sèche qui va être opérée dans les rangs des formations politiques devrait contribuer à plus d’unité, de rapprochement entre citoyens d’origines diverses et partant à une plus grande mixité au sein des partis politiques.

Ce n’est en effet qu’à ce prix, qu’il sera possible pour les mauritaniens de réinventer les règles du jeu démocratique, un gage pour la paix sociale, pour la stabilité et pour le développement du pays.

Bakari Guèye

 


Mauritanie : Un second tour serré entre l’opposition et le parti au pouvoir

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Après un premier tour qui nous a réservé quelques surprises, le second tour des élections générales a eu lieu aujourd’hui mettant aux prises des adversaires qui sont à couteaux tirés.

A Nouakchott, les électeurs ne se bousculaient pas encore devant les quelques bureaux que nous avons visité ça et là et on se demande si le taux de participation ne sera pas plus faible qu’au premier tour, du fait notamment des pluies diluviennes qui se sont abattues ces dernières vingt quatre heures sur la capitale et sur une bonne partie du territoire national.

Quoiqu’il en soit, l’enjeu est de taille d’autant plus que les grandes villes du pays sont, pour les plus importantes d’entre elles, en ballotage. De ce fait, le jeu demeure encore très ouvert et la messe est loin d’être dite encore.

Le parti au pouvoir malgré une avance certaine au premier tour, n’a cependant pas encore atteint l’objectif qu’il s’était fixé, c’est-à-dire mettre l’opposition à genoux en raflant l’écrasante majorité des sièges.

De son côté, l’opposition qui a su tiré son épingle du jeu récoltant un bon nombre de sièges au premier tour, entend consolider sa position.

Et cela semble encore possible avec la montée inexorable du parti islamiste Tawassoul dont la diabolisation par le pouvoir s’est poursuivi de plus belle au cours de l’entre deux tours. C’est pourquoi l’on se demande si les tirs groupés des plus hautes autorités de l’Etat ont fait mouche et est-ce-que la mayonnaise a bien pris ?

Rien n’est moins sûr car les islamistes très rompus au jeu politique semblent avoir mis les bouchées doubles pour démontrer qu’il va falloir désormais compter avec eux.

En effet l’autre enjeu de ces élections c’est le spectre du tiers bloquant au niveau de l’Assemblée nationale qui hante le pouvoir, une prouesse qui, si jamais elle était réalisée par l’opposition, va faire vaciller le régime en place, voire sonner le glas d’un pouvoir exécutif demeuré jusque là le seul maître du jeu.

En tout cas, du côté de la CENI qui avait péché au premier tour par son manque de préparation du scrutin, elle semble cette fois-ci décidé à rectifier le tir, en tirant des leçons de ses erreurs passées.

C’est ainsi qu’elle a procédé à une remise à niveau de son personnel de supervision au niveau des bureaux de vote et des instructions publiques, et on ne peut plus clair, ont été données par son président qui a plaidé pour la transparence des opérations électorales.

Malheureusement avec le vote des forces de sécurité vendredi, des obstructions ont été signalées ça et là par des journalistes qui ont été empêchés d’accéder à certains bureaux de vote malgré le fait qu’ils étaient munis de badges officiels délivrés par la CENI.

La même mésaventure a été vécue par des dirigeants de partis de l’opposition qui n’ont dû leur salut qu’à l’intervention directe du président de la CENI, qui s’est déplacé personnellement dans un bureau de vote pour forcer la main à un officier de police, qui dit-on obéissait à des ordres venus d’en haut.

Aujourd’hui encore des anomalies commencent à être signalées ça et là par des représentants de partis et autres observateurs. Il y a par exemple la rétention des cartes d’électeurs signalé au niveau du bureau 13 d’EL Mina ; il y a aussi le fait que beaucoup d’électeurs ont jeté leurs cartes après le premier tour et dans certains bureaux tels que le bureau 14 à Dar Naim, ils sont empêchés de voter. Cela risquerait d’influer sur le taux de participation qui avait dépassé les 70% au premier tour.

Bakary Guèye

 

 

 

 


MP organise à Nouakchott un atelier de formation sur l’analyse prospective

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L’Hôtel Iman de Nouakchott a abrité les 11 et 12 septembre 2018 un atelier de formation sur l’analyse prospective : « de l’anticipation à l’action ». Ce séminaire entre dans le cadre du projet de renforcement du débat, de la réflexion et du réseautage sur les thématiques de la jeunesse et de la migration en Mauritanie. Ce projet est piloté par le think tank, Mauritanie Perspectives(MP) en partenariat avec la coopération espagnole à travers le programme MASAR.

L’atelier en question a été animé par Mme Pascal Vincent, anthropo-juriste au CIEDEL (centre international d’études pour le développement local) qui se trouve à Lyon en France et Mr Niang Ibrahima, un sortant du CIEDEL et expert en ingénierie de développement local et en ingénierie de coopération. M. Niang est également le coordinateur national des communes du Sud et président de l’ONG, « Banlieues du monde Mauritanie ».

Il y a lieu de noter que : « Faire de la prospective, c’est raconter ce qui est susceptible de se passer en se fondant sur les projections, et en les articulant aux facteurs catalyseurs des changements.

Face à l’incertitude, il n’y a pas un seul avenir à prédire mais plusieurs futurs à préparer. La prospective, définie comme l’investigation méthodique des futurs possibles, devient un préalable à l’élaboration de stratégies ou de politiques en vue d’une action imminente. »

Au cours de cette formation-action, les séminaristes ont été initiés sur les grandes lignes du projet de prospective et sur l’arsenal théorique indispensable à cet effet.

Les exposés ont tourné autour de l’Histoire de la prospective, les notions principales et définitions, le lien avec la planification stratégique.

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Le fond et la forme, les contenus et les modes de faire, le choix de l’objet de la prospective et de son horizon temporel, la participation des acteurs, la place des experts.

Ainsi, la finalité de la prospective c’est de mettre en commun des profils différents et hétéroclites qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble. En effet, une des spécificités de la prospective c’est de mixer l’information.

Par ailleurs, le passé doit servir à dégager des performances pour forger des hypothèses ou des règles opératoires efficaces pour l’action.

Il y a trois attitudes actives. D’abord la réactivité qui consiste à agir d’urgence, ensuite la pré activité qui est le fait de se préparer aux changements prévisibles et enfin la proactivité qui consiste à provoquer les changements souhaités ; il s’agit en fait des inventions du futur.

Pour mettre en œuvre cette dernière option, il convient alors de planifier les actions stratégiques et mettre en place des indicateurs de suivi. La prospective précède toujours la planification.

On distingue la prospective qui est la phase exploratoire et la stratégie qui est une évaluation des options stratégiques et des décisions sur des orientations d’action. De ce fait une démarche prospective et un groupe de travail sont indispensables pour avoir de bons résultats. La prospective sert à orienter le développement et c’est toujours une démarche contextuelle.

Après s’être familiarisé avec les mots-clés de la prospective(processus, enjeu, défi, tendance lourde, signaux faibles, rupture, hypothèses…) et avec la démarche à suivre pour étudier une situation-problème, les séminaristes ont été répartis en deux groupes pour u travail pratique en atelier.

Le thème choisi pour l’expérimentation des connaissances acquises c’est « jeunesse et migration ».

Le premier groupe devait plancher sur le fond de cette thématique, quant au deuxième groupe, il devait réfléchir sur les idées reçues au sujet de ce même thème, les deux groupes devant adopter la méthode prospective.

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Après la restitution, les formateurs ont pu faire l’évaluation du travail accompli et apporter les correctifs nécessaires.

Notons que Mauritanie Perspectives(MP) qui a organisé cet atelier est une association constituée de personnalités d’horizons diverses : experts, universitaires, hauts cadres, fonctionnaires, hommes d’affaires, etc.

Bakari Guèye

 

 


Mauritanie : 70 partis politiques à la corbeille!

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Après une semaine d’attente et de tergiversations, la CENI  a finalement rendu public les résultats du scrutin du 1er septembre mettant du coup fin a une guerre des nerfs qui en a éprouvé plus d’un.

Ainsi, les candidats et les partis politiques ont été enfin édifiés sur leur sort.

Et ce sont par conséquent pas moins de 70 partis politiques, parmi les 98 qui étaient en compétition qui seront jetés à la poubelle car n’ayant pas obtenu les 1% de voix prévu par la loi. En effet, la plupart de ces formations politiques appelées ici partis-cartables sont fondés sur des bases familiales, tribales, ethniques voire raciales.

Ce sont généralement des partis de personnes où le président a droit de vie et de mort sur les militants.

Malheureusement, certains de ces partis vont échapper au couperet de la loi du fait que certains pontes du régime en rupture de banc avec le parti au pouvoir se sont présentés sous la bannière de ces partis leur offrant du coup un coup de fouet salvateur.

Et pour revenir aux résultats publiés par la CENI, notons qu’ils sont loin de faire l’unanimité et l’opposition n’a pas manqué de crier au scandale dénonçant une mascarade.

Malgré tout cette même opposition a su tirer son épingle du jeu avec une trentaine de députés au premier tour, une véritable aubaine pour des partis qui reviennent de très loin, avec une traversée du désert qui a duré près d’une décennie pour certains d’entre eux.

Cette opposition très divisé du reste et habituée à aller aux elections en rangs dispersés a pour une fois réussis à monter certaines alliances qui ont fait mouche, mettant du coup en échec le dessein avoué du président mauritanien qui tablait sur un raz-de-marée au parlement de la part des élus du parti au pouvoir, ce qui lui permettrait d’envisager une énième opération chirurgicale pour la constitution, ce qui lui ouvrirait le chemin d’une présidence à vie.

Notons que si la CENI a pu relever le défi d’organiser des élections en un laps de temps, elle n’a pas pu éviter les énormes embuches qui se sont dressés sur son chemin et qui ont entachés tout le processus.

Ce n’est donc pas un hasard si le nombre de bulletins nuls a atteint le chiffre faramineux de 529.296, un record qui aura sa place dans le Guiness. Et plus bizarre encore, les disparités qui ont été constatés au niveau d’un même bureau de vote pour les différents scrutins.

Autre équation paradoxale, il est arrivé que dans des localités où le taux d’éveil est plus important, on trouve plus de bulletins nuls que dans des zones rurales où la plupart des gens ont du mal à tenir un stylo dans la main.

Tous les couacs sont dus au manque de formation du personnel de la CENI, qui a été recruté sur des bases népotiques.

Par ailleurs la CENI n’a pas su respecter les B.A.BA des directives préconisées par la loi. Ainsi, les partis ont eu du mal à imposer leurs représentants dans les bureaux de vote, ce qui aurait pu contribuer à la transparence du scrutin et à une surveillance de proximité des opérations électorales. En principe chaque représentant de parti a le droit à une copie du PV au même titre que la CENI et le ministère de l’intérieur. Reste à savoir pourquoi la CENI n’a pas veillé à l’application de cette loi qui assure l’instauration d’un mécanisme de vérification indispensable.

Malheureusement beaucoup de candidats n’ont pas pu avoir accès directement aux résultats de certains bureaux, ce qui explique cette levée de bouclier contre une CENI qui a, sur ce plan, failli à sa mission.

Bakari Guèye