Bakari GUEYE

Mauritanie/Education : Une évaluation complaisante !

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Le système éducatif mauritanien est malade. Tout le monde en convient. Depuis très longtemps, le ver est dans le fruit et avec la libéralisation sauvage et la prolifération des écoles privées, la pagaille était à son comble.
En effet, l’enseignement privé est abandonnée à lui-même et au niveau des écoles privés véritables échoppes, tout est permis avec des pratiques peu orthodoxes et ce, au grand dam de la direction de l’enseignement privé du ministère complètement dépassé par les événements.
L’histoire de Mamadou Ly élève en 3ème AS dans les Établissements M.H, une école privée située au PK8 est édifiante à ce titre.
Cet élève qui fait partie des meilleurs de sa classe a failli redoubler cette année du fait des nombreux zéro collés injustement par certains de ses professeurs (arabe, physique-chimie et éducation physique.
Son père qui a remarqué en cours d’année à travers ses bulletins trimestriels que les zéros revenaient à chaque fois a alerté la direction de l’école qui promettait à chaque fois de corriger ces erreurs mais ne passait jamais à l’acte. Ainsi, en fin d’année scolaire, Mamadou avec des zéros dans les matières susmentionnées s’était retrouvé avec une moyenne générale de 9,5 frôlant de peu le redoublement.
Selon le père de l’enfant tous ses déboires ont commencé lorsque le contrat a été rompu avec l’un de ses professeurs qui l’enseignait à domicile. Le prof qui n’était pas à la hauteur fut remercié : « Et depuis lors note Mohamedou, les choses ont commencé à se gâter. Ce professeur lui en voulait et je crois qu’il a pu également monter contre lui d’autres professeurs. Quant j’en ai parlé à la direction, elle n’a rien voulu entendre. » Il s’agit là en effet d’un comportement observé au niveau de l’enseignement privé où les enseignants favorisent généralement les élèves qui les engagent pour des cours à domicile.
C’est là l’une des manifestations de l’anarchie au sein du système. En effet, nul n’ignore que le secteur de l’éducation est dans un état de déliquescence avancée. Cette pagaille est le fruit de réformes mal inspirées et d’une gestion chaotique marquée par une politisation et un affairisme qui ont depuis longtemps achevé de mettre ce secteur vital à genou. La dernière réforme initiée dans l’improvisation totale en 1999 n’a pas bénéficié d’un cadre approprié pour son application et les réticences qu’elle avait suscitées dès le départ lui ont été fatales car les acteurs appelés à l’appliquer se sont plutôt adonnés à un sabotage systématique.
Conséquence : le résultat est sans appel, 14 ans après son initiation, les élèves du primaire manquent encore cruellement d’enseignants de français et ceux du secondaire aussi. Pendant ce temps une nouvelle méthode, l’Approche par les Compétences (APC) que ni les encadreurs et encore moins les enseignants n’assimilent a achevé de semer la pagaille dans le système.
Et après la première phase du PNDSE (plan décennal pour le développement du secteur éducatif) malgré les dizaines de millions de dollars injectés dans le système sous la bénédiction des institutions financières internationales, les résultats sont quasi nuls et avec un taux d’admission de 10% (en moyenne) au baccalauréat la Mauritanie n’est pas loin de battre le record du monde dans ce domaine.

 


Mauritanie : Un technocrate aux commandes du nouveau gouvernement

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Après plusieurs semaines d’attente qui ont donné l’occasion aux analystes politiques d’épuiser toutes leurs batteries, le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz a pris de cours tout le monde en désignant à la tête du gouvernement un technocrate sur lequel personne n’avait misé.


Et, pourtant, Yahya Ould Hademine qui était jusque-là ministre de l’Équipement a bien fait ses preuves lors du précédant mandat où il a eu à mener à bien de grands travaux, des infrastructures qui ont bien changé entre autres le visage de la capitale, des réalisations que même les opposants les plus irréductibles reconnaissent aujourd’hui, même si c’est du bout des lèvres.

Ainsi donc, la nomination de ce cadre aussi bien éduqué et ouvert que son prédécesseur est un bon signe en soi et laisse présager de belles surprises dans la marche laborieuse vers le développement.
Par ailleurs, l’attelage gouvernemental composé de 26 ministres dont 9 entrants dénote d’une volonté claire du président Aziz de continuer sur la même lancée. Ce n’est donc pas un hasard si tous les ministres clés ont conservé leurs postes.

Mais toujours est-il que, dans des secteurs comme l’Éducation, il va falloir entreprendre des réformes en profondeur pour rectifier le tir. Le jeune ministre en charge du secteur a commencé certes à secouer le Mamouth, mais il va falloir beaucoup plus d’énergie, de courage et de fermeté pour mettre hors d’état de nuire les mafias qui gangrènent le secteur et annihilent tout effort de changement.
A noter par ailleurs que le remerciement de certains ministres est d’une grande portée symbolique. C’est le cas par exemple d’Ould Maham, ex ministre de la Communication qui, au cours de son bref passage au gouvernement s’est fait trop d’ennemis, une situation qui s’explique par une attitude caractérisée par l’excès de confiance en soi et la suffisance.
Présenté comme l’un des hommes fort du régime, voilà qu’il se retrouve au fond de la vague !Comme quoi, avec le président Aziz, il ne faut pas trop essayer de se faire voir à l’image du nouveau premier ministre dont la politesse et l’humilité devraient inspirer tous les membres de son équipe et notamment tous ceux qui seraient tentés de bomber le torse.
Autre message à décrypter dans ce nouveau gouvernement, c’est le départ d’Ahmed Ould Neini dont le département a été secoué par plusieurs scandales et la propulsion à la tête du ministère des Affaires Islamiques de Ahmed Ould Ehel Daoud, un des oulémas les plus contestés par l’IRA de Biram Ould Dah Abeid, la nouvelle étoile montante de la classe politique mauritanienne.
L’on se rappelle en effet que ce jeune lettré avait soulevé en juillet 2012 un tollé au sein des militants de l’IRA, de l’Opposition et du parlement lors d’une intervention provocatrice sur les ondes de Radio Coranique de Mauritanie, au sujet de l’esclavage et des anciens esclaves.
Alors Conseiller du ministre des Affaires Islamiques, ses propos lui avaient valu un limogeage immédiat par le Conseil des ministres.
Depuis, Biram a pris du galon allant même jusqu’à défier le président Aziz aux présidentielles avec le score qu’on connait.
Donc face à l’ascension fulgurante de Birame, le retour en grâce de l’un de ses ennemis jurés ne peut pas être une coïncidence !