Bakari GUEYE

La Mauritanie maintient sa place de leader au sein du classement de RSF : Une position bizarre !

Presse maurit

Crédit Photo:Magharebia

Au moment où la presse mauritanienne s’enfonce au creux de la vague, elle continue, paradoxalement à caracoler en tête de ses consœurs du monde arabe, à en croire le dernier classement de Reporters Sans Frontières(RSF).

En effet, malgré une liberté d’expression tout azimuts et une libéralisation récente du paysage audiovisuel, la presse mauritanienne se trouve dans un piteux état.
Ainsi, au niveau de la presse écrite, la situation est plus qu’alarmante car les rares journaux réguliers (moins d’une dizaine) -qui paraissaient jusque là, malgré les difficultés- sont tous en passe de mettre la clef sous le paillasson.
Et pour ce qui est des médias audiovisuels naissants, la situation est encore pire.
Toutes ces « institutions » en cessation de payement sont abandonnées à elles-mêmes et l’État assiste en spectateur à ce désastre.
Quant aux journalistes, véritables esclaves des temps modernes, ils travaillent sans contrat ni protection aucune puis sont exploités jusqu’aux os puis jetés à la poubelle, sans ménagement.
Face à cette situation où le bateau est en passe de couler, les professionnels de la presse écrite(les éditeurs) ont publié il y a quelques jours un éditorial commun pour attirer l’attention des autorités qui n’ont pas daigné réagir.
Mais cela n’a pas empêché RSF de leur tisser une couronne aussi convoitée que celle de meilleur pays arabe dans le domaine de la liberté de la presse ; un titre qu’elles exploiteront à fond comme d’habitude pour berner la communauté internationale.
Bakari Guèye

 


Mauritanie : L’enseignement privé au cœur des préoccupations du ministère de l’éducation nationale

baCréditPhoto/AMI

Les autorités mauritaniennes qui viennent de décréter l’année 2015 « Année de l’enseignement », multiplient les initiatives.

C’est ainsi qu’après les visites inopinées entreprises ces derniers jours par le président de la Républiques dans plusieurs établissements scolaires de la capitale, pour s’enquérir de leurs problèmes, c’est au tour du ministre de l’éducation nationale, M. Ba Ousmane, de descendre sur le terrain. C’est dans ce cadre qu’il a effectué le 12 décembre, une visite d’information à la direction de l’enseignement privé.
A l’issue de cette visite, le ministre a assuré que l’Etat entend élaborer une stratégie pour sortir l’enseignement privé de sa léthargie. Il a déclaré que : « Notre département s’attèle à redynamiser le rôle de l’enseignement privé par l’élaboration d’une stratégie spécifique permettant de rehausser son rendement. »
Pour qui connait l’état de décrépitude dans lequel se trouve le secteur de l’Education et notamment l’enseignement privé, il s’agit d’une tâche immense.
En effet, à Nouakchott comme à l’intérieur du pays, les écoles privées poussent comme des champignons.
Ces établissements scolaires ne sont pour la plupart que de véritables échoppes dont les ténors sont motivés essentiellement par l’appât du gain.
Ils fonctionnent suivant leurs propres règles, ce qui fait que l’anarchie est vraiment de mise. Le ministère est jusque là très peu regardant sur ce qui s’y passe.
Les élèves sont parqués dans des salles ne dépassant pas parfois les 4 mètres carrées et le personnel enseignant est en partie recruté dans la rue, parmi les étudiants de la fac et les étrangers de passage ; un personnel carrent mais qui a « l’avantage » d’être très bon marché.
Donc, la situation est hors de contrôle et les autorisations pour l’ouverture de nouvelles écoles pullulent et sont même disponibles au marché noir.
C’est dire que le ministère de l’éducation a du pain sur la planche. Et il va falloir cravacher dur pour remettre le train sur les rails.
Bakari Guèye

 


Trafic des manuels scolaires en Mauritanie : Un commerce juteux

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Credit photo:IFM

Les élèves mauritaniens font face à une situation difficile marquée par le manque et l’absentéisme des enseignants. Ils font face également à un manque cruel de matériel didactique et notamment des manuels scolaires. Pourtant, l’Institut Pédagogique National(IPN) est censé approvisionner toutes les écoles du pays en livres.

Mais, malgré les milliards débloqués régulièrement par l’Etat pour la confection de ces manuels, ces derniers demeurent très rares dans les écoles. Et pour en acquérir, les parents d’élèves doivent se rendre dans les rayons des librairies de la capitale qui croupissent sous leur poids.
En effet, dans ces lieux de négoce, ces manuels qui, officiellement sont interdits à la vente, sont proposés à prix d’or.
Le client peut débourser jusqu’à 3000 ouguiyas (près de 30 dollars) pour acheter un manuel du secondaire par exemple.
Comme on peut aisément l’imaginer, c’est un commerce juteux qui constitue une véritable saignée pour les parents d’élèves, dont la majorité d’ailleurs, sont contraints de s’abstenir devant des prix aussi prohibitifs.
Et, pourtant, l’IPN qui dispose même d’une imprimerie, a pour vocation de disponibiliser ces livres à des prix symboliques.
Mais cette institution se mire dans un silence suspicieux et demeure sourde à toutes les protestations.
Pendant ce temps, les pauvres élèves doivent apprendre à se débrouiller sans les livres, une utopie quant on pense aux capacités et au sérieux de leurs enseignants, qui laissent à désirer !
Bakari Guèye

 


Le président mauritanien annonce 2015 « année de l’enseignement »

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Crédit photo:B.G

La Mauritanie a célébré le 28 novembre 2014 le 54ème anniversaire de son indépendance. A cette occasion, le président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz a déclaré dans un discours prononcé la veille que 2015 sera « l’année de l’enseignement ».Cette annonce intervient à un moment où le système éducatif national se trouve dans une très mauvaise passe marquée par une baisse inquiétante des niveaux et une perte de crédibilité totale au sein de l’école mauritanienne.
Malheureusement cette annonce ne convainc pas grand monde et surtout pas les enseignants habitués à des déclarations du genre qui ne sont, le plus souvent, que des vœux pieux.
Rappelons que M. le président qui vient d’entamer son second mandat avait promis lors du premier que le redressement du secteur éducatif serait la priorité des priorités. Mais hélas, il n’en a rien été et la situation a évolué de mal en pis.
En réaction à cette énième déclaration pompeuse du président de la République, le Syndicat National de l’enseignement secondaire (SNES) note dans un communiqué daté du 28 novembre : « Nous apprécions également la déclaration du président de la République de l’année 2015 « année de l’enseignement ». Nous espérons que cette déclaration ne sera pas qu’un slogan. Nous avons déjà assisté à la création d’un ministère d’Etat de l’Education qui a disparu trois ans après sa naissance, sans résultats significatifs.
Nous avons entendu le président de la République et son premier ministre reconnaître à maintes reprises la détérioration de notre système d’éducation, sans voir venir les mesures attendues.
Suite à cette déclaration, nous nous attendons à une année 2015 marquée par des actions concrètes. »
Tout est dit !
Bakari Guèye

 


Nouakchott/Mauritanie : Le directeur de l’ANAC éjecté de son fauteuil

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Crédit photo:noorinfo:Le directeur de l’ANAC

La compagnie aérienne Air France foule de nouveau la piste de l’aéroport international de Nouakchott, après près d’un mois de boycott pour protester contre « l’ingérence » de l’Agence nationale de l’Aviation civile (ANAC) dans la gestion de son fret.Tout commença lorsque des agents de la douane et de la gendarmerie mauritaniennes assurant la sécurité au sein dudit aéroport en sont venus aux mains transformant le tarmac en ring.Cette bataille rangée a mis la puce à l’oreille des dirigeants de l’ANAC qui se sont crus obligés de refondre l’organisation au sein de l’aéroport, ce qui apparemment n’avait pas plus aux dirigeants locaux de la compagnie Air France qui ont tout de suite crié au scandale demandant le retour sans conditions au statut quo ante.
Finalement, la compagnie française aura gain de cause. Du coup, elle a repris ses vols comme si de rien n’était et pour couronner le tout et clore définitivement le dossier, les autorités mauritaniennes n’ont pas trouvé mieux que de débarquer de son poste le brave directeur de l’ANAC, qui avait pourtant le vent en poupe mais, mal lui en prit car, il s’était attaqué à plus fort que lui.
Bakari Guèye


Mauritanie : Le ministère de l’éducation décide la revalorisation de l’enseignement de l’instruction islamique

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Crédit photo:BG

Le ministère mauritanien de l’Éducation Nationale vient de rendre public une circulaire revalorisant l’enseignement de la discipline de l’instruction islamique et religieuse(IMCR), au niveau de l’enseignement secondaire.
En vertu de cette décision, l’horaire et le coefficient de cette discipline a été considérablement rehaussé au collège et au lycée. En plus ce sera désormais une matière à passer au bac.
Cette décision saluée par les élèves et les organisations de la société civile a pour objectif d’initier la jeunesse à un islam centriste et modéré en professant les véritables vertus de cette religion de paix leur évitant ainsi les fausses interprétations qui mènent à l’extrémisme.
Dans une déclaration de presse les principaux syndicats d’enseignants en Mauritanie
Ont exprimé leur « bonne appréciation de l’augmentation de l’horaire et du coefficient de l’instruction islamique, ce qui contribuera sans nul doute à renforcer l’immunisation de notre jeunesse contre toutes les formes de déviation. »
Pour Mohamed Ould Sidati, professeur d’IMCR : « Cette décision est salutaire et répond aux aspirations de tout le peuple mauritanien. C’est là une réponse favorable aux demandes répétés des oulémas et notamment de l’Imam de la grande mosquée de Nouakchott, Ahmedou Ould Lemrabott Ould Habibourahmane qui n’a cessé d’insister sur les avantages de cette revalorisation qui permettra de mieux éduquer la jeunesse sur les fondements d’un islam tolérant. »
A son tour, l’imam Ali Ould M’boirik de la mosquée Omar de Dar Naim(banlieue Nord de Nouakchott) affirme que : « Cette décision vient au bon moment. Aujourd’hui, plus que jamais notre jeunesse qui est confronté aux influences du mode extérieur a besoin de revenir aux véritables enseignements de notre sainte religion. Pour immuniser les jeunes contre l’extrémisme, on doit les inciter à mémoriser et comprendre le Coran qui demeure, la matière la plus importante en éducation islamique, suivie par la mémorisation et la compréhension des hadiths du prophète Mohammed PSL. »
L’imam Ali ajoute que : « Aujourd’hui, certaines personnes qui prétendent agir au nom de la religion peuvent mal l’interpréter ou la pratiquer incorrectement. C’est pourquoi, il serait faux de se faire une idée de cette religion en se basant sur les actes de telles personnes. La meilleure façon de comprendre l’islam est de se référer à sa source divine.
La source de l’islam est le Coran; et le modèle de la moralité décrit dans le Coran est irréprochable. Voilà ce que nos enfants doivent assimiler et appliquer. »
Abondant dans le même sens, Mohamed Mahmoud Ould Tah, étudiant à l’ISERI (Institut islamique) de Nouakchott soutient cette décision « car elle va contribuer à vulgariser les vrais enseignements de l’islam. Le Coran est basé sur les concepts de la bonne moralité, de l’amour, de la compassion, de la miséricorde, de l’humilité, du dévouement, de la tolérance et de la paix. Un musulman qui vit selon ces préceptes moraux est, réfléchi, tolérant, digne de confiance. Voilà le vrai visage de l’islam que les jeunes doivent connaitre. »
Et Mohamed Mahmoud d’ajouter que : « Dieu a commandé à l’humanité d’éviter le mal. Il a interdit la mécréance, l’immoralité, la rébellion, la cruauté, l’agressivité, le meurtre et les massacres.
L’islam est une religion qui encourage la liberté de vie, d’opinion et de pensée. Selon le Coran, l’un des plus grands péchés est de tuer un être humain qui n’a pas commis de crime. Voilà ce sont tous ces enseignements qu’on pourrait maintenant transmettre aux élèves et aux étudiants car l’IMCR est devenu une matière de base. »
Bakari Guèye


Mauritanie : Election de la présidente de la CUN au bureau exécutif de l’association des maires francophones : Un paradoxe flagrant

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Mati Mint Hamadit/Photo:AMI

La présidente de la Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN), Mme. Maty Mint Hamady a été élue, jeudi 06 novembre 2014, membre du bureau exécutif de l’Association Internationale des Maires Francophones.Cette nomination est d’autant plus paradoxale que cette dame s’est distinguée par son aversion avérée au français en posant comme premier acte de son mandat à la tête de la CUN en 2013, l’interdiction de la langue de Molière au sein de l’administration de son institution.
Cette décision entre dans le cadre de la politique d’arabisation menée par les autorités mauritaniennes pour plaire à la communauté arabe du pays ainsi qu’au monde arabe, et ce, au grand dam d’une importante frange de la population constituée en majorité de négro-africains, des francophones pour la plupart.
Depuis l’indépendance du pays, la question de la langue a profondément divisé les mauritaniens. La langue française, l’une des rares richesses léguées par la colonisation a toujours été perçue par la composante arabe de la population comme un intrus qu’il fallait combattre coûte que coûte. Mais, la composante négro-africaine de la population mauritanienne qui avait profité beaucoup plus de l’enseignement du français, n’entendait pas se laisser faire, en acceptant du jour au lendemain, d’abandonner le français au profit de l’arabe.
En 1966, il y a eu l’adoption d’une loi qui oblige tous les écoliers mauritaniens dans le secondaire à apprendre l’arabe. Une autre réforme en 1967 touchait l’enseignement fondamental. Ces deux réformes ont amené les dirigeants à l’époque à réviser la constitution en 68 pour faire de l’arabe la langue officielle du pays avec le français.
Au début des années 80 avec l’avènement du régime de Ould Taya, on assistera à l’arabisation à outrance du système éducatif, une arabisation bâclée pour plaire au monde arabe et notamment à l’Irak (dirigé par le parti panarabiste Baath) qui fut l’un des soutiens inconditionnels du régime.
La tendance se poursuivra avec la « démocratisation » et l’adoption de la constitution de 1991 qui fit de l’arabe la langue officielle du pays.
En août dernier, les autorités militaires ont décidé que, toutes les correspondances entres les états majors ou entre les unités de l’armée se feront en langue arabe.
La mesure exclue les correspondances internationales qui pourront se faire en d’autres langues en fonction des besoins.
Et ironie du sort, cette mesure a été suivie quelques semaines plus tard par la nomination d’un ministre de la défense francophone voire francophile. Comprendra qui pourra !
Notons dans le cadre de cette guerre déclarée contre le français en Mauritanie que, le député UPR(parti-Etat), El Khalil Ould Tiyib a déchiré en mars dernier en pleine session, un rapport élaboré par la Commission des finances de l’Assemblée Nationale, et ce, en protestation à sa présentation en langue française.
Bakari Guèye

 


Pour une réhabilitation du secteur de la santé en Mauritanie

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Photo:emjad.net

Le secteur de la santé qui est l’un des secteurs clés et pour lequel beaucoup d’efforts sont consentis par les pouvoirs publics ne semble pas tirer profit de cette manne et se complait aujourd’hui dans l’anarchie et l’affairisme qui le gangrènent et qui mettent hors jeu une grande partie des usagers.En effet, l’État a ces dernières années mis en place des infrastructures modernes, ce qui fait qu’aujourd’hui les villages les plus reculés disposent de centres de santé assurant les soins de santé primaires .Avec l’aide de l’OMS les médicaments sont mis à la disposition des hôpitaux et dispensaires. Par ailleurs, le personnel de la santé bénéficie depuis quelque temps d’une attention particulière du ministère de tutelle qui lui verse des primes substantielles qui font de lui aujourd’hui le chouchou de la Fonction Publique. Mais malgré tous ces atouts, l’efficacité n’est pas au rendez vous et l’anarchie est telle qu’il faudrait un véritable coup de balai pour remettre les pendules à l’heure.
Le temps est loin où on venait au dispensaire sans protocole pour se faire soigner gratuitement.
Si du coté des autorités, on crie sur tous les toits que le gouvernement a mis en place des infrastructures modernes et des équipements dernier cri tels que les scanners, l’IRM, etc, sur le terrain, la réalité est très amère.
Aujourd’hui pour aller au dispensaire il faut avoir les poches pleines .En effet, au niveau de tous les maillons de la chaîne -de la consultation à l’obtention des médicaments-il faudrait mettre la main à la poche. Dans ce milieu, la corruption est monnaie courante et les pharmacies officielles sont toujours vides. Dans ces pharmacies les médicaments sont régulièrement mis à la disposition des gérants et les prix sont accessibles aux populations mais le hic c’est qu’elles sont chroniquement vides .Les médicaments sont la plupart du temps détournés et servent à alimenter les pharmacies-boutiques qui fleurissent comme des champignons.
Avec cette situation les malades sont abandonnés à eux mêmes et ne savent plus à quel saint se vouer .Des agents de santé qui se font tirer l’oreille et qui arnaquent honteusement de pauvres patients ;des docteurs qui ouvrent leur clinique privée et qui ne pensent qu’à leur intérêt personnel ,oubliant jusque le serment sacré d’Hippocrate ;des centres de santé où les règles les plus élémentaires ne sont pas respectées ;tel est le tableau peu reluisant d’un secteur sanitaire vital et que les autorités doivent suivre de près.
Bakari Guèye


Un diagnostic sans complaisance du système éducatif mauritanien : Une école moribonde

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Crédit photo:BG

Le système éducatif mauritanien est malade. Cette réalité même si c’est un secret de polichinelle a été longtemps étouffé. Mais après le 3 août 2005 et l’avènement du régime de la transition, les langues avaient commencé à se délier. Et à l’occasion de la campagne électorale qui a mené aux élections présidentielles de mars 2007, la plupart des candidats sérieux avaient fait, de la refonte du système éducatif, la priorité des priorités.C’est ainsi qu’au cours du fameux débat l’ayant opposé à son adversaire du deuxième tour, l’ex-président de la République M.Sidi Ould Cheikh Abdellahi avait promis d’organiser des états généraux de l’enseignement, y compris celui des langues nationales, estimant que l’expérience mauritanienne dans ce domaine n’a pas été concluante. Pour lui, c’est par le biais de l’éducation que le pays verra l’émergence d’un « citoyen mauritanien unique au lieu de consacrer les appellations ethniques de maures, négro-mauritaniens et haratines » (descendants d’esclaves).
Pour l’ex-président de la République et candidat d’alors, la problématique de l’éducation en Mauritanie réside plutôt dans l’existence d’un grand nombre de diplômés chômeurs, un paradoxe si l’on considère que le pays manque de cadres. De ce fait, il s’était proposé, si les conditions le permettent, de créer des internats pour toutes les écoles afin de limiter la déperdition scolaire tout en renforçant la cohésion entre les ressortissants de toutes les régions.
Malheureusement toutes ces belles idées avaient fondues comme neige au soleil ; et mis à part le bref intermède « Nebghouha »-une brave dame parachutée à la tête du département et débarquée quelques mois plus tard pour avoir voulu secouer le Mamouth- ce fut le statu quo ante.
Une situation inquiétante
La situation de l’enseignement en Mauritanie demeure donc si mauvaise qu’on ne vend pas très cher la peau du système éducatif. L’anarchie règne à tous les niveaux et le laisser aller est de mise. En effet, l’école mauritanienne est confrontée depuis plusieurs années à une baisse de niveau qui a pris au fil du temps des proportions inquiétantes.
Cette situation s’explique en grande partie par le laisser-aller qui a toujours prévalu au sein du département de l’éducation Nationale qui a eu le triste privilège de voler la vedette de la mauvaise gestion et des dérapages administratifs à tous les autres secteurs.
Ainsi, avec le peu de considération donné à l’enseignant bafoué et livré à lui-même, il ne fallait pas se faire d’illusion. Et le ministère de l’Éducation, au lieu d’assumer son rôle en jouant au pompier, a, au contraire, constitué un obstacle pour le développement du système éducatif.
En effet, avec l’injustice érigée en politique le département avait fini par démolir tout espoir d’aller de l’avant. En effet, face à des promotions fantaisistes voire choquantes ayant profité à des néophytes tombés du ciel qui sont venus s’ajouter à la dynastie des démolisseurs qui continue à faire la pluie et le beau temps, beaucoup d’enseignants sérieux n’avaient plus le cœur à l’ouvrage et l’on assista à une démission collective.
Pourtant, avec le court intermède Nebghouha, l’espoir était de mise et des réformes encourageantes avaient été entreprises. Mais très vite, au regret de beaucoup de citoyens, la courageuse dame aura sur le dos tout le département où le laisser aller semble convenir à tous.
De mauvais comportements érigés en système
L’école mauritanienne a perdu ses lettres de noblesse depuis fort longtemps. Les enseignants sont démotivés et les élèves ne savent même plus pourquoi ils vont à l’école qui a perdu toute crédibilité. C’est ainsi par exemple qu’à la veille du déroulement des examens (compositions de passage) dans les écoles, les élèves et leurs parents commencent à fourbir leurs armes pour réussir comme il est devenu de coutume à assurer le passage en classe supérieure.
En effet, le redoublement est devenu une chose rare ici et pourtant élèves mauritaniens sont loin d’être des cracks. Paradoxalement, il s’agit d’une tendance qui n’est observable qu’en Mauritanie. Ce taux de passage artificiel ne va pas de pair avec celui du baccalauréat, ce qui prouve qu’il n’est fondé sur aucun critère objectif.
Une étude récente du ministère sénégalais de l’éducation relevait l’existence d’un taux de redoublement anormalement élevé dans les écoles d’Afrique francophone. C’est là une étude qui vaut ce qu’elle vaut mais qu’il conviendrait de relativiser car dans un pays francophone comme la Mauritanie, le système éducatif est devenu si généreux pour ses élèves que les redoublements y deviennent quasi inexistants.
Si les écoles sont devenues de véritables passoires ce n’est pas parce que tous leurs pensionnaires sont des surdoués, loin de là. Cela s’explique plutôt par le laisser-aller et la complaisance qui ont fini par désintégrer cette école. En effet, le corps d’encadrement fait fi des critères objectifs d’évaluation.
C’est plutôt sur la base de critères purement subjectifs que les élèves se retrouvent chaque année en classe supérieure. La tricherie devient une valeur sûre de l école et les élèves qu’on encourage sur cette voie deviennent des tricheurs invétérés. C’est à se demander si cette tare ne vient pas tout juste se greffer sur des dispositions innées tellement les jeunes élèves excellent dans ce domaine et détiennent tous les rudiments de cet « art ».
Pour un élève d’aujourd’hui, tricher est un droit
De ce fait, à l’occasion des interrogations ou des compositions, il trouve tout à fait normal d’avoir ses cahiers à portée de main et ne se gène même pas à s’en servir au grand dam de l’enseignant qui est mis face à des situations incroyables.
Les plus jeunes enseignants ayant encore des principes solides et des théories à revendre essaient de remettre de l’ordre dans la maison. Quant aux anciens qui en ont déjà vu de toutes les couleurs, ils ferment les yeux, convaincus que tout effort est vain et que rien ne pourrait empêcher ces petits diables de tricher.
Et le plus amusant c’est que même en se servant de leurs cahiers, la plupart des tricheurs passent à côté du sujet car ne sachant sélectionner les éléments les plus pertinents. Mais rien n’est perdu pour autant car en fin d’année, les bonnes notes pleuvent de part et d’autre et chaque élève peut compter sur la complicité d’un prof qu’il avait pris le soin de contacter par l’intermédiaire d’un autre prof ou d’une connaissance quelconque.
Il y aussi les membres de l’administration scolaire qui peuvent jouer aux intermédiaires avec les enseignants. Les directeurs des études sont également parfois sollicités pour arrondir certaines notes et propulser de mauvais élèves dans des classes supérieures. Avec l’instauration de ce système où il n’est plus besoin d’apprendre pour gravir tous les échelons de l’enseignement, les élèves n’apprennent plus et dorment sur leurs lauriers.
Vu cette pagaille, la majorité des professeurs n’assistent plus au conseil de classe en fin d’année pour refuser d’apporter une caution morale aux magouilles de la direction. Les profs se contentent donc de remettre des notes qui valent ce qu’elles valent, à charge pour l’administration d’en faire ce qu’elle veut.
Cette dernière s’arrange toujours à faire passer tout le monde pour permettre au directeur de l’établissement de faire bonne impression au ministère de l’Éducation où les apparences comptent plus que tout le reste. Ainsi, le taux de passage est généralement de 100% et tout le monde est content, administration et parents d’élèves.
Et il arrive que dans un établissement, les profs se réunissent en fin d’année pou le Conseil de classe et se mettent d’accord sur un P.V. en théorie irrévocable. Mais justement ce même P.V. peut être revu en leur absence par la direction pour faire plaisir à certains parents d’élèves.
C’est ainsi qu’il n’est pas rare de voir un élève ayant déjà reçu son bulletin de notes avec mention redoublant se retrouver comme par enchantement en classe supérieure au début de l’année scolaire. De telles situations décrédibilisent l’école et instaurent un climat malsain qui ne va pas de pair avec la noble mission de l’école.
Sans évaluation sérieuse, l’enseignement n’a plus sa raison d’être
Et on avait du mal à comprendre que l’essentiel ce n’était pas de passer en classe supérieure mais de fournir l’effort nécessaire à l’acquisition des connaissances.
L’année scolaire qui vient de s’achever s’est déroulée dans un contexte peu favorable et le ministère de l’Éducation comme tous les autres d’ailleurs était l’objet d’une politisation et d’une instrumentalisation qui ont fait des ravages. Le résultat on le connaît.
Actuellement tous les yeux sont tournés vers le président de la République fraichement réélu pour un second mandat, espérant qu’il aura l’intelligence de surveiller de près l’homme de confiance qu’il vient de placer à la tête du département.
M. Ba Ousmane, un jeune cadre dynamique et apparemment au dessus de la mêlée devrait avant d’essayer d’entreprendre quoi que ce soit, se débarrasser du lobby dévastateur ayant élu domicile depuis belle lurette au sein du département et, qui constitue un frein à toutes les velléités de réforme.
Bakari Guèye

 


Compaoré chassé par la rue : Un sérieux avertissement pour les dictateurs du continent

lepoint.fr

Crédit photo:lepoint.fr

Le président Burkinabé Blaise Compaoré s’en est finalement allé par la petite porte, ce vendredi 31 octobre. L’homme à l’instar de tous les dictateurs du vieux continent se croyait indispensable et surtout indéboulonnable. Mais il n’aura fallu au peuple Burkinabé, qui en avait ras-le-bol, que de descendre dans la rue pendant quelques heures pour chasser celui qui, malgré ses 27 ans de pouvoir, avait encore l’intention de tripatouiller la constitution pour continuer sa mainmise sur le pays des hommes intègres.Malgré la gravité des actes de vandalisme des manifestants de Ouaga, qui ont mis la capitale du Faso à feu et à sang, jeudi, M. Blaise Compaoré a essayé de tergiverser en sauvant ce qui peut l’être de son pouvoir chancelant mais, malheureusement pour lui, la vague inexorable de manifestants déchainée emportait tout sur son passage et il ne restait plus au vieux dictateur que de lâcher prise en prenant la poudre d’escampette.
Voilà qui est peu glorieux pour un homme qu’on présentait comme l’un des dirigeants les plus en vue du continent avec un statut de médiateur des conflits africains taillé sur mesure par les puissances occidentales et notamment la France.
Et pourtant, Compaoré avait eu plus d’une occasion de passer le témoin et de prendre un vrai repos du guerrier en ruminant tranquillement pour le restant de ses jours, les immenses richesses engrangées sur le dos du paisible peuple Burkinabé.
Il aurait pu par exemple suivre le conseil du président français qui lui aurait proposé il y a quelques semaines un retrait en douceur en contrepartie d’un honorable poste au sein d’une institution internationale.
Mais hélas, la soif de pouvoir était la plus forte et en bon dictateur, il était aveuglé par une puissance de façade qui a volé en éclats aux premiers pas des manifestants sur le macadam.
Face à la violence et au pillage généralisé dans les grandes villes du Burkina et notamment à Ouaga et Bobodioulasso, il n’est pas exagéré de dire que, vu les dégâts matériels (et humains), les 27 ans de Blaise n’auraient servis à rien, en ce sens qu’il a emporté avec lui pas mal d’infrastructures mises à sac par les manifestants. Un vrai gâchis !
Et la facture aurait été encore beaucoup plus salée n’eut été la sagesse des dirigeants de l’armée qui ont réussi à éviter au pays le pire, avec un affrontement fratricide entre les éléments de la garde prétorienne de Compaoré et les autres corps militaires.
Quoiqu’il en soit, c’est le peuple Burkinabé qui sort grandi de cet éphémère bras de fer. Les Burkinabés donnent ainsi l’exemple aux autres peuples d’Afrique qui sauront désormais ce qu’il convient de faire pour bouter les présidents usurpateurs hors du pouvoir.
Cet exemple est d’autant plus instructif que sur le continent, pas moins d’une dizaine de potentats, nourrissent aujourd’hui l’idée de changer la constitution pour se maintenir au pouvoir.
Bakari Guèye