Mauritanie : Un second tour serré entre l’opposition et le parti au pouvoir

15 septembre 2018

Mauritanie : Un second tour serré entre l’opposition et le parti au pouvoir

Crédit photo: HD

Après un premier tour qui nous a réservé quelques surprises, le second tour des élections générales a eu lieu aujourd’hui mettant aux prises des adversaires qui sont à couteaux tirés.

A Nouakchott, les électeurs ne se bousculaient pas encore devant les quelques bureaux que nous avons visité ça et là et on se demande si le taux de participation ne sera pas plus faible qu’au premier tour, du fait notamment des pluies diluviennes qui se sont abattues ces dernières vingt quatre heures sur la capitale et sur une bonne partie du territoire national.

Quoiqu’il en soit, l’enjeu est de taille d’autant plus que les grandes villes du pays sont, pour les plus importantes d’entre elles, en ballotage. De ce fait, le jeu demeure encore très ouvert et la messe est loin d’être dite encore.

Le parti au pouvoir malgré une avance certaine au premier tour, n’a cependant pas encore atteint l’objectif qu’il s’était fixé, c’est-à-dire mettre l’opposition à genoux en raflant l’écrasante majorité des sièges.

De son côté, l’opposition qui a su tiré son épingle du jeu récoltant un bon nombre de sièges au premier tour, entend consolider sa position.

Et cela semble encore possible avec la montée inexorable du parti islamiste Tawassoul dont la diabolisation par le pouvoir s’est poursuivi de plus belle au cours de l’entre deux tours. C’est pourquoi l’on se demande si les tirs groupés des plus hautes autorités de l’Etat ont fait mouche et est-ce-que la mayonnaise a bien pris ?

Rien n’est moins sûr car les islamistes très rompus au jeu politique semblent avoir mis les bouchées doubles pour démontrer qu’il va falloir désormais compter avec eux.

En effet l’autre enjeu de ces élections c’est le spectre du tiers bloquant au niveau de l’Assemblée nationale qui hante le pouvoir, une prouesse qui, si jamais elle était réalisée par l’opposition, va faire vaciller le régime en place, voire sonner le glas d’un pouvoir exécutif demeuré jusque là le seul maître du jeu.

En tout cas, du côté de la CENI qui avait péché au premier tour par son manque de préparation du scrutin, elle semble cette fois-ci décidé à rectifier le tir, en tirant des leçons de ses erreurs passées.

C’est ainsi qu’elle a procédé à une remise à niveau de son personnel de supervision au niveau des bureaux de vote et des instructions publiques, et on ne peut plus clair, ont été données par son président qui a plaidé pour la transparence des opérations électorales.

Malheureusement avec le vote des forces de sécurité vendredi, des obstructions ont été signalées ça et là par des journalistes qui ont été empêchés d’accéder à certains bureaux de vote malgré le fait qu’ils étaient munis de badges officiels délivrés par la CENI.

La même mésaventure a été vécue par des dirigeants de partis de l’opposition qui n’ont dû leur salut qu’à l’intervention directe du président de la CENI, qui s’est déplacé personnellement dans un bureau de vote pour forcer la main à un officier de police, qui dit-on obéissait à des ordres venus d’en haut.

Aujourd’hui encore des anomalies commencent à être signalées ça et là par des représentants de partis et autres observateurs. Il y a par exemple la rétention des cartes d’électeurs signalé au niveau du bureau 13 d’EL Mina ; il y a aussi le fait que beaucoup d’électeurs ont jeté leurs cartes après le premier tour et dans certains bureaux tels que le bureau 14 à Dar Naim, ils sont empêchés de voter. Cela risquerait d’influer sur le taux de participation qui avait dépassé les 70% au premier tour.

Bakary Guèye

 

 

 

 

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