Le commerce des voiles en Mauritanie : les femmes en première ligne

15 juillet 2015

Le commerce des voiles en Mauritanie : les femmes en première ligne

voile
Crédit photo:BG

La question du rôle de la femme dans le développement ne se pose plus aujourd’hui. Les femmes dont le poids démographique est sensiblement égal, voire supérieur (dans certains pays) à celui des hommes, peuvent jouer un rôle déterminant dans la vie économique, sociale et politique d’un pays.

C’est sans doute ce qu’ont compris les autorités nationales dont la politique volontariste et la sensibilisation à outrance visent à impliquer davantage les femmes dans le processus de développement. C’est ce qui explique la prolifération des coopératives et des initiatives en faveur de cette importante frange de la population.
Aujourd’hui, les femmes qui se savent sollicitées et utiles sont sur tous les fronts où elles s’attèlent à apporter leur touche.
Et s’il est actuellement un domaine où elles se sentent à l’aise et où elles excellent c’est celui de la confection et la commercialisation des voiles. C’est là un créneau porteur que beaucoup d’entre elles ont choisi parce qu’il a le mérite d’être accessible et bénéfique.
Le voile est l’un des habits nationaux les plus prisés par les Mauritaniennes. Cet habit mythique et bien connu sous d’autres cieux est façonné ici par des spécialistes qui le confectionnent et le parent avant de le mettre sur le marché. Les femmes qui s’occupent de ce travail ont beaucoup à faire, c’est pour dire que ce n’est pas aussi facile pour elles et le chemin est trop long. Certaines d’entre elles payent d’abord le tissu, généralement le fameux 106 (meilleure qualité) dont le rouleau qui compte environ trois voiles coûte 4.000 ouguiyas (UM). Elles vont ensuite chez le tailleur qui se charge de mesurer et découper le tissu en voiles avant de les coudre une première fois. C’est à partir de là que va commencer le travail des femmes qui consiste à coudre les voiles à la main en se servant de fils en nylons et en produits synthétiques. Une fois cette étape franchie on passe à la dernière phase qui consiste à teindre les voiles.
Pour la teinture, il y a plusieurs variétés qui vont du rouge au jaune en passant par le bleu foncé (kaédi), le ségou (bleu ciel ou légèrement plus foncé), le goura (couleur kola), le takia (vert menthe) et j’en passe.
Il est à noter que la teinture la plus prisée est la teinture dite de kaédi (du nom de cette ville). Cette teinture devient encore plus précieuse lorsqu’elle provient de cette même ville réputée pour ses spécialistes et dont les eaux d’après la légende populaire contiendraient des secrets. Ce n’est donc pas un hasard si les voiles de cette provenance, ou portant le même nom, se négocient entre 4000 UM et 7.000 UM ce qui n’empêche pas d’ailleurs qu’elles se vendent comme de petits pains.
Pour revenir à nos femmes, il y a lieu de noter qu’une fois leur produit fini, elles vont l’écouler chez les grossistes qui paient le voile entre 1500 et 5.000 UM selon sa valeur. Ces derniers le revendent ensuite au prix fort.
D’autres femmes qui n’ont pas de capital pour financer tout ce travail en chaîne vont voir des commerçants de la place avec qui elles traitent. Ces commerçants leur confient du tissu qu’elles sont chargées de transformer en voiles. Elles reçoivent un traitement en contrepartie. Il y a aussi les femmes qui ne font que de la teinture. Pour la teinture des voiles, leurs tarifs varient entre 500 et 1.500 UM. On trouve également celles qui s’occupent personnellement de la commercialisation de leurs œuvres et elles sont nombreuses. Dans plusieurs marchés de la capitale, ces femmes sont très présentes et ne passent pas inaperçues dans la mesure où ce sont elles avec leurs marchandises qui contribuent à donner aux lieux tous leurs éclats et toute leur gaieté.
Ces grandes battantes qui ont des familles à nourrir -et ce n’est pas rien- méritent réellement qu’on leur facilite la tâche et qu’on les soutienne, car elles font œuvre utile et contribuent de ce fait au développement.
Bakari Guèye

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Commentaires

Marième Abdi El-Moubareck
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Vive la femme Mauritanienne

Girach
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C'est tres bon

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Je consigne donc Nouackchott comme future destination, l'occasion de m'offrir un beau voile et de boire du lait frais

Bakari GUEYE
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Je vous assure que vous serez pas déçue!