Mauritanie/ Baccalauréat : 40 mille candidats vont au charbon

15 juin 2015

Mauritanie/ Baccalauréat : 40 mille candidats vont au charbon

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Crédit photo:Saharamedia

Après la tenue du concours d’entrée en première année du secondaire et celui du brevet, les épreuves du baccalauréat ont débuté lundi 15 juin sur toute l’étendue du territoire national.
En Mauritanie, le nombre de candidats inscrits au baccalauréat pour l’année scolaire 2014-2015 s’élève à 41982 avec 45% de filles à en croire les chiffres transmis à la presse par le directeur en charge des examens et des concours, M. Yadali Ould Moguett.
L’examen se déroule dans 106 centres dont 50 à l’intérieur du pays, a ajouté ce responsable du ministère de l’Education, qui s’exprimait à la veille de cet examen capital.
Il a assuré que « toutes les mesures ont été prises pour que les épreuves écrites se déroulent en même temps dans tous les centres du pays ».
C’est donc comme d’habitude des déclarations officielles empreintes de satisfaction, parfois démesurée, alors que la réalité sur le terrain est généralement beaucoup moins rose.
C’est ainsi que cette année, on a assisté à certains couacs dans l’organisation du brevet, avec dans certains centres, une pénurie de feuilles d’examens, d’épreuves et une absence des feuilles de brouillons, mêmes pour des matières telles que les mathématiques et la physique.
Autre anomalie non moins curieuse : les candidats étaient appelés à utiliser des feuilles d’examen initialement destinées au baccalauréat.
Voilà des pénuries qu’on ne pourrait pas gobé vu le budget substantiel destiné à l’organisation de cet examen.
S’agissant de l’entrée en sixième, on a été confronté aux mêmes problèmes matériels avec ce cri de détresse des correcteurs de l région du Tagant, soumis à une diète noire durant 3 jours à Tidjikja où ils ont bossé quotidiennement 10 heures d’affilés, sans manger ni boire.
S’agissant du baccalauréat, la situation n’est guère plus reluisante. Le recours massif aux contractuels, aux agents du ministère et autres chasseurs de prime de surveillance et de correction, a faussé tous les jeux, ouvrant la voix à tous les dépassements.
La situation de l’enseignement en Mauritanie demeure donc si mauvaise qu’on ne vend pas très cher la peau du système éducatif. L’anarchie règne à tous les niveaux et le laisser aller est de mise. En effet, l’école mauritanienne est confrontée depuis plusieurs années à une baisse de niveau qui a pris au fil du temps des proportions inquiétantes.
Cette situation s’explique en grande partie par le laisser-aller qui a toujours prévalu au sein du département de l’éducation Nationale qui a eu le triste privilège de voler la vedette de la mauvaise gestion et des dérapages administratifs à tous les autres secteurs.
Ainsi, avec le peu de considération donné à l’enseignant bafoué et livré à lui-même, il ne fallait pas se faire d’illusion. Et le ministère de l’Éducation, au lieu d’assumer son rôle en jouant au pompier, a, au contraire, constitué un obstacle pour le développement du système éducatif.
En effet, avec l’injustice érigée en politique le département avait fini par démolir tout espoir d’aller de l’avant. En effet, face à des promotions fantaisistes voire choquantes ayant profité à des néophytes tombés du ciel qui sont venus s’ajouter à la dynastie des démolisseurs qui continue à faire la pluie et le beau temps, beaucoup d’enseignants sérieux n’avaient plus le cœur à l’ouvrage et l’on assista à une démission collective.
Donc, que l’année 2015 soit décrétée officiellement et avec sons et trompettes, « année de l’enseignement en Mauritanie » n’a absolument rien changé à cette situation somme toute lamentable.
Bakari Guèye

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