Mauritanie/Vacances présidentielles : Aziz s’éloigne du bourbier Nouakchottois

21 août 2016

Mauritanie/Vacances présidentielles : Aziz s’éloigne du bourbier Nouakchottois

aziz ami
Crédit photo:AMI

Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz a opté cette année pour des vacances locales, en l’occurrence à Nouadhibou où il séjourne depuis jeudi dernier.

Curieusement, ce départ en vacances se déroule sous les feux de la rampe des médias de la capitale qui s’en donnent à cœur joie, en relatant le moindre mouvement présidentiel.

C’est ainsi que le président a quitté la capitale jeudi après-midi, au volant de son luxueux véhicule, théoriquement sans escorte, mettant le cap sur la capitale économique où il a consacré une partie de la soirée à se balader dans les rues de la ville, prenant des photos avec des citoyens.

Le lendemain vendredi, M. le président est allé tranquillement prier à la grande mosquée de la ville où il se serait présenté sans crier gare. Et après la prière, on le voit entouré par une foule de badauds, venus exprimer leur reconnaissance et leur appréciation pour ce nouveau rôle de citoyen ordinaire, ne serait-ce que l’espace d’un instant.

Le président a également fait un tour au fameux cabanon, des moments immortalisés par des photos prises en compagnie d’un groupe de jeunes, originaires de la ville de Zouérate.

Cette comédie présidentielle est considérée comme une prouesse par ses soutiens pour qui le président fait preuve de modestie et démontre par là que c’est un homme proche du peuple.

Malheureusement, la réalité est tout autre. Le président séjourne dans une ville où rien ne va et où les populations vivent dans la précarité et ce, malgré le trésor que représente les côtes de Nouadhibou qui comptent parmi les plus poissonneuses du monde.

Mais, hélas, ce poisson est à la merci des bateaux européens et chinois et en dehors de certains hommes d’affaires qui ont la côte auprès du régime, les stéphanois (habitants de Nouadhibou) n’en tirent aucun profit.

Quoiqu’il en soit, le président qui a été confronté tout au long de l’année à des scandales financiers qui éclataient ça et là, avait cruellement besoin de prendre des vacances, se distraire un peu pour reprendre des forces.

Mais saura-t-il reculer pour mieux sauter ? Rien n’est moins sûr. En effet, le père de l’« approche mauritanienne de lutte contre le terrorisme » n’a pas su capitaliser son succès éclatant dans le domaine sécuritaire. C’est quasiment le seul domaine où il a réussi. Pour le reste, le fiasco fut total et en dehors de l’édification de l’aéroport « Oum Tounsy », construit dans l’opacité la plus totale, le reste de son programme est resté lettre morte sous forme de slogans pompeux.

L’homme a bizarrement suivi les pas de son prédécesseur, Moawiya Ould Sid Ahmed Taya, qu’il ne cessait de pourfendre au début de son règne.

Après un départ sans faute, avec un programme et un discours populistes et pleins d’espoir, Ould Abdel Aziz est très vite tombé dans les mailles du filet de la nomenklatura tribalo-affairiste, qui le prit en otage.

Les conséquences ne se firent pas attendre et on assista à la succession de scandales et de détournements de deniers publics, sans commune mesure dans les annales de la courte histoire de la Mauritanie moderne.

L’autorité de l’Etat est foulée aux pieds, c’est le règne de l’impunité. Et, aujourd’hui, pour les dizaines, voire centaines de milliards détournés, l’Etat, la justice, qui est au service des prévaricateurs, ne font rien. Et, pour occuper la galerie, on envoie au gouf, des dizaines de petits comptables départementaux, pour servir de boucs émissaires.

Bakari Guèye

 

 

 

 

 

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