Mauritanie : Réaction musclée du parti « Tawassoul »

11 mai 2016

Mauritanie : Réaction musclée du parti « Tawassoul »

tawassoul
Crédit photo: B.G

Dans un contexte politique marqué par une tension perceptible entre le pouvoir et l’opposition, le président du parti islamiste « Tawassoul » est monté au créneau ce mercredi à l’occasion d’une conférence de presse animé au siège du parti à Nouakchott.

La sortie de M. Jemil Mansour, c’est son nom, intervient au lendemain d’un discours musclé du président de la République envers l’opposition mais aussi d’une déclaration à l’odeur de provocation d’un conseiller du chef de l’Etat qui estime que le parti « Tawassoul » doit être dissous.

D’emblée, M. Mansour a planqué le décor en distinguant deux camps dont le premier lutte pour l’instauration de la démocratie et d’une alternance pacifique, et le second œuvre pour la continuité du régime actuel.

Pour le président de « Tawassoul », le régime en place a échoué sur toute la ligne et ce tant sur le plan économique que social.

Selon lui, le pays vit une crise multidimensionnelle et la ruée vers l’or a suscité un gigantesque espoir dans les rangs des citoyens démunis qui y ont tout investis. La déception de cet espoir pourrait selon M. Mansour avoir des conséquences catastrophiques.

Pour lui, dans cette affaire, c’est le pouvoir-qui a renfloué ses caisses-et certains particuliers qui ont tiré leur épingle du jeu alors que la majorité des chercheurs d’or sont revenus bredouilles.

Evoquant la politique économique suivie par le pouvoir, M. Mansour a parlé de mal gouvernance et de mauvaise gestion. Il a pour étayer ses propos donné l’exemple des matières premières qui ont généré ces dernières années des recettes énormes mais qui, souligne-t-il ont été dilapidés. Pour lui, si réellement ces recettes étaient bien gérées nous n’en serions pas là actuellement avec la chute vertigineuse des prix du fer et la raréfaction des ressources.

Autre exemple de mal gestion évoqué, il s’agit des ces projets inaugurés à plusieurs reprises et qui ne voient jamais le jour, M. Mansour a donné comme exemple la fameuse mosquée de 15000 places qui devait être réceptionnée depuis mais dont le chantier n’a même pas encore commencé.

Au sujet du discours de Néma, le président de « Tawassoul » a déploré ce qu’il a appelé des attaques contre les « haratines », l’opposition, les femmes et le mouvement « Mani chari gas-oil ».

Au sujet des « haratines », le président de Tawassoul a préconisé une discrimination positive afin de les aider à mieux profiter des richesses nationales.

Il a aussi dans ce cadre dénoncé les contre-performances de l’agence chargée de L’état Civil qui exclut des citoyens comme les ex réfugiés rentrés du Sénégal ou encore des mauritaniens de l’étranger qui peinent à disposer de leurs papiers.

S’agissant de l’éventualité d’une réforme constitutionnelle pour permettre au président actuel de briguer un troisième mandat, M. Mansour a affirmé que son parti rejette vivement toutes les tentatives allant dans ce sens invitant au passage le président de la République à se prononcer clairement pour lever toute équivoque.

Il a assuré que la bataille pour la préservation et l’inviolabilité de la constitution-notamment en son article 99-est une bataille dans laquelle son parti comme toute l’opposition réunie au sein du FNDU, s’investiront corps et âme.

Répondant aux allégations du proche du président de la République qui a préconisé la dissolution de son parti, M. Mansour a affirmé que « Tawassoul » n’est pas un parti comme les autres, « c’est, dit-il, une idée qui survivra à toutes les contingences. » Et d’ajouter : « Nous sommes des gens qui ne font pas usage des menaces, mais, nous n’acceptons pas d’être menacés. »

Quoiqu’il en soit, le parti « Tawassoul » est dans le collimateur du pouvoir et l’on se demande si le président Aziz qui a effectué récemment une visite au Caire et qui a été reçu en grande pompe par le Général Al Sissi-qui soit dit en passant l’a décoré -n’est pas revenu avec dans ses bagages un plan d’éradication à l’égyptienne du parti islamiste « Tawassoul » ?

Bakari Guèye

 

 

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