Mauritanie : l’exclusion, un mauvais service pour l’unité nationale

10 août 2015

Mauritanie : l’exclusion, un mauvais service pour l’unité nationale

 

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Crédit photo:RI

Il y a eu d’abord le RAG de Birame Ould Dah Abeid, enfant terrible de la communauté « haratine », voilà venu le tour des FPC, un parti d’obédience négro-africaine, de se voir rejeté. La tentative d’exclusion de la vie politique nationale de quelques couches sociales, dont les leaders ne sont pas en odeur de sainteté auprès des autorités, est un mauvais service pour l’unité nationale.

Après quelque 30 ans d’exil, les Flam (Forces de libération africaine de Mauritanie) ont retrouvé la Mauritanie. Dès leur arrivée, les membres les plus modérés se sont mués en parti politique : les FPC (Les Forces progressistes du changement), une formation politique qui n’a pas été agréée par le ministère de l’Intérieur. Les FPC n’arrivent pas à inspirer confiance et restent toujours victimes de l’étiquette de parias et de traîtres que le régime dictatorial de Ould Taya est arrivé si bien à leur coller à la peau. Ainsi, aux yeux de l’opinion maure qui a été savamment conditionnée pour cela, ces gens « à la mauritanité douteuse » ne sont que de dangereux séparatistes, des semeurs de troubles qu’il conviendrait d’éviter comme la peste. Ce discours passe assez bien au sein d’une opinion gangrénée par le chauvinisme et qui est encore loin d’être prête à accepter de donner droit de cité à ses frères négro-africains.

Ce n’est donc pas un hasard si, aussi bien du côté du pouvoir qui refuse d’accorder un récépissé aux FPC que du côté de l’opinion arabe et même du côté de l’intelligentsia de cette communauté, on se complait à confiner ces frères dans leur retranchement; voire à les diaboliser.
Et malheureusement, même la presse arabophone joue ce jeu perfide, et à l’occasion du premier meeting politique du FPC qui était initialement prévu le 2 août, un site se prenant très au sérieux, n’a pas hésité de titrer pompeusement « Préparatifs politiques pour le lancement de la première manifestation demandant la sécession du Sud ». C’est tout simplement hallucinant.

On avait crié à la volonté de partition du pays

Cette volonté d’exclusion fut largement exprimée lorsque, à l’occasion du 1er congrès du mouvement, M. Thiam avait dévoilé son projet d’autonomie. Il s’agit selon lui, « d’une réorganisation territoriale et administrative plus adaptée à la réalité socioculturelle, ethnique et tribale de la Mauritanie. Celle-ci épousant ainsi une donne humaine, ethnique, culturelle et sociale conforme au vécu sur le terrain. Le projet d’autonomie permettrait de forger patiemment et progressivement une nouvelle mentalité plus respectueuse des valeurs citoyennes ».
Là aussi personne n’a essayé de comprendre et on avait crié à la volonté de partition du pays, ce qui bien entendu n’est nullement prévu par ce projet.
Notons que, c’est l’absence de justice et d’égalité des Mauritaniens face à l’autorité de l’Etat qui ont été à l’origine de la création des Flam en mars 1983.

Cette donne demeure toujours d’actualité et les membres des Flam, un moment tentés par la lutte armée, ont définitivement enterré la hache de guerre et sont rentrés au pays pour participer à la compétition politique. C’est leur plein droit, et il est du devoir des autorités mauritaniennes et de l’opinion publique de leur ouvrir les bras pour leur permettre de contribuer à la gestation de l’unité nationale.
Bakari Guèye

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