En Mauritanie, les Forces progessistes du changement haussent le ton

28 juillet 2015

En Mauritanie, les Forces progessistes du changement haussent le ton

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Crédit photo:B.G

Les Forces progressistes du changement (FPC) sont décidées de passer à l’action politique sur le terrain. Ce parti politique issu des FLAM attend depuis près d’un an un récépissé après un dossier « en bonne et due forme » déposé au ministère de l’Intérieur.
C’est ainsi qu’au cours d’une conférence de presse tenue mardi dans leur siège à Basra, Samba Thiam, le président du parti a annoncé l’organisation le 2 août prochain d’un meeting politique à Sebkha.
Selon M. Thiam, ni le préfet de Sebkha, ni le wali de Nouakchott qui le coiffe n’ont voulu recevoir la demande ayant trait à la tenue de ladite manifestation.
Si les deux responsables reconnaissent la régularité de la demande, ils invoquent des ordres venus d’en haut pour ne pas l’avaliser par écrit.
Revenant sur l’épineux problème de la reconnaissance du parti, M. Thiam rappelle : « Après notre congrès d’août 2014, un dossier de reconnaissance, constitué en conformité avec les règles et procédures légales en vigueur, avait été déposé le 28 octobre 2014 au ministère de l’Intérieur. La loi, après dépôt, accorde deux mois à l’administration saisie, pour examiner la régularité du dossier. Nous n’avons cessé à travers les correspondances répétées (5 au total), de le rappeler à l’attention du ministère de l’Intérieur ; ces correspondances sont demeurées sans suite.
Par ailleurs, de l’avis même des experts, cette loi régissant la création des partis politiques est du type déclaratif. »
De ce fait, les FPC se considèrent dorénavant comme un parti politique à part entière jouissant de toute la légalité requise.
Le parti considère donc qu’il est temps de se mettre au charbon car : « D’octobre 2014 à juillet 2015, cela fait 9 mois ! Nous avons donc fait manifestement preuve de retenue et de patience, pour être soucieux de la préservation de la paix et de la stabilité du pays. Nous déclarons ici, à compter d’aujourd’hui, notre détermination à poursuivre, pleinement nos activités, liées à la vie normale de toute formation politique. »
Autre argument de taille derrière lequel s’abrite le FPC pour passer à l’action : « Aux dires du directeur des libertés publiques et des affaires politiques au ministère de l’Intérieur : après le dépôt de demande d’autorisation, un parti politique peut mener ses activités politiques, s’il n’est pas l’objet d’une plainte. »
Les FPC se déclarent ainsi décidés à mener leurs activités au grand jour avec pour débuter ce meeting du 2 août. Une tournée est également prévue à l’intérieur du pays, en commençant par Nouadhibou.
Dans sa conférence de presse, le président des FPC a abordé d’autres questions d’actualité. D’abord la mort dans les geôles de la police de Abderrahmane Diallo, dont le corps portait des stigmates de maltraitance. C’est là un grand paradoxe pour M. Thiam car, au moment où la Mauritanie ratifie des conventions sur la torture, des citoyens innocents sont victimes de torture. Les FPC demandent l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur cette affaire.
Autre question abordée, celle de la détention des dirigeants de l’IRA : « Les FPC dénoncent, avec force, la situation de non-droit dans laquelle sont confinés ces détenus : ni jugés, ni relaxés. Il faut mettre fin à cette situation de non-droit, inadmissible ! Nous appelons à ce sujet une pétition, soit du barreau national, soit de l’opposition en général. »
Dernier sujet abordé, « le cas des Dames de Thiambène, qui repose avec acuité la question des terres de la vallée du fleuve, spoliation qui ne peut plus être occultée ou différée, sans danger… »
En conclusion, les FPC sont décidés à braver tous les risques, à quitter leur siège dans lequel ils étaient jusque-là confinés pour descendre sur le terrain de l’arène politique.

 

* L’IRA : l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie
Bakari Guèye

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