Mauritanie : L’Ecole Nationale d’Etat Major organise une série de conférences sur le thème communication et sécurité

19 juin 2015

Mauritanie : L’Ecole Nationale d’Etat Major organise une série de conférences sur le thème communication et sécurité

armée1
Crédit photo:B.G

 

L’École Nationale d’État Major a abrité mardi dernier une série de conférences sur la communication animés par des experts dans le domaine avec la contribution de journalistes de la presse nationale et internationale et d’un public composé essentiellement de hauts gradés des forces de sécurité nationales.
Dans son discours inaugural, le Colonel Mohamed Lemine ould Zamel, directeur de l’école a affirmé que ces conférences entrent dans le cadre d’un module de formation axé sur la communication et dont l’objectif est de mieux outiller les stagiaires, en les dotant des connaissances requises dans ce domaine. Il s’agira pour eux d’être capable de cerner la dimension de régulation de l’information et de pouvoir harmoniser les actions des différents acteurs.
MM. Abadi, Saleh Ould Dehmach et Houssein Ould Medou, des journalistes émérites ont tour à tour présenté des conférences sur les thèmes : Sécurité nationale et dépénalisation du délit de presse, la HAPA (Haute Autorité de la presse et de l’Audiovisuel) : forces et faiblesses et enfin la problématique de la sécurité et la régulation de l’information.
Abordant le premier sujet, M. Abadi a souligné d’emblée que de nos jours la relation entre la presse et les corps de sécurité est un défi majeur. Grâce à la révolution dans le domaine des télécommunications, les moyens d’information constitue un puissant levier avec lequel on doit nécessairement compter.
Pour le conférencier, face au flux important d’informations, le professionnalisme s’impose et des lois sont promulguées par les États pour mettre la presse au service de la sécurité.
C’est ainsi qu’aux États Unis par exemple, au lendemain des attentats du 11 septembre, la loi Patriot permet aux autorités d’avoir un droit de regard sur toute activité (y compris la presse) qui pourrait constituer une menace pour la sécurité nationale.
Parlant de la relation entre les journalistes mauritaniens et les corps de sécurité, une relation où la méfiance a toujours prévalu, le conférencier a rappelé le calvaire des journaux mauritaniens qui ont évolué au cours de longues années sous la coupe du fameux article 11, un redoutable instrument de censure, brandi à chaque fois sous prétexte d’atteinte à la sécurité nationale.
Cette situation a évolué dans le bon sens note le conférencier mais d’autres défis sont à relever. Il a soulevé certaines interrogations à savoir est-ce que la presse doit rendre public toutes les informations dont elle dispose ? Quelles sont les limites de sa liberté ? Qui impose ces limites ? Est-ce qu’une situation exceptionnelle peut justifier le bâillonnement de la presse ?
Pour le directeur de l’École Nationale d’État Major, l’armée ne peut pas communiquer à tous les coups. Elle s’en tient généralement à la communication opérationnelle qui existe dans toutes les armées du monde. Ainsi, l’officier ne fait état que des actions qui appuient l’opération en cours.
Il n’est donc nullement question de communiquer à tout va.
Selon le colonel, le journaliste doit tenir compte des intérêts vitaux du pays et il est inadmissible de diffuser des informations qui compromettent la sécurité nationale. Donc, par vertu professionnelle, le journaliste doit s’imposer un comportement responsable.
La deuxième conférence du jour présentée par M. Dehmach, membre de la HAPA a porté sur le rôle de cette institution dont l’objectif déclarée est de servir de régulateur pour organiser un domaine qui est en passe de devenir incontrôlable, du fait de la prolifération des journaux, des sites électroniques et autres radios et télévisions.
Mais après l’intervention du conférencier et les différentes contributions apportées par les journalistes et les stagiaires, il ressort que la HAPA est victime de son manque d’expérience et de son déficit de moyens humains et matériels.
L’institution n’a pas donc les moyens de sa politique et semble complètement dépassée par les événements.
La preuve, cet exemple donné par le conférencier qui a affirmé que les médias d’État (Radio et télévision) ne respectent leurs cahiers de charges qu’à hauteur de 5%,quant aux autres n’en parlons pas.De ce fait, face à cette situation, la HAPA se contente de faire la sourde oreille face à tous les dépassements pour dit-elle préserver des expériences encore naissantes.
S’agissant de la dernière conférence présentée par le Dr Housseyn Ould Medou, elle s’est focalisée sur la dépénalisation des délits de presse.
C’est un pas en avant soutient-il même si, met-il en garde cette dépénalisation ne signifie pas impunité pour le journaliste qui est toujours passible de lourdes amendes en cas d’infraction.
A la clôture de cette série de conférences, le Colonel Zamel, a réitérée « l’importance du rôle de la presse qui est dit-il aussi bien une source de stabilité que d’instabilité, une source de quiétude et d’inquiétude. » Et d’ajouter que : « La sécurité nationale est fondamentale et il est impérieux pour tout un chacun d’y contribuer, y compris les journalistes. »
Bakari Guèye

Partagez

Commentaires