Mauritanie : Dialogue Pouvoir/Opposition : « Chat échaudé craint l’eau froide »

Article : Mauritanie : Dialogue Pouvoir/Opposition : « Chat échaudé craint l’eau froide »
Crédit:
30 janvier 2015

Mauritanie : Dialogue Pouvoir/Opposition : « Chat échaudé craint l’eau froide »

Azizcrédit photo:AMI

La Mauritanie vit depuis 2008, une crise politique aigue suite au coup d’état orchestré par le président actuel qui avait réussi un sans faute parfait en réussissant à convaincre la communauté internationale et à rouler son opposition dans la farine.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis et l’opposition qui n’avait pas depuis lors arrêté de crier au scandale, assistait impuissante à la consolidation du régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui en est à son deuxième mandat de 5 ans.

Jusque là, toutes les tentatives de dialogue entre les deux parties ont été vouées à l’échec.

Et, depuis quelques semaines, une nouvelle initiative de renouer le contact pointe à l’horizon avec la nomination de M. Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, premier ministre sortant, au poste de ministre Secrétaire Général de la Présidence de la République, avec pour mission , entre autres, de conduire ce dialogue avec l’opposition.

D’ores et déjà, un document a été remis par le pouvoir au Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU, coalition de l’opposition) pour la tenue de ce dialogue dont l’objectif est de sortir le pays de l’impasse.

L’opposition, comme vient de l’affirmer sur les ondes de la radio nationale, le leader de l’Union des Forces Démocratiques(UFP), M. Mohamed Ould Mouloud, est d’accord sur le principe. Mais, rappelle-t-il, le souvenir des précédentes assises avec le pouvoir est loin d’être encourageant.

Rappelons qu’en réponse au document transmis par le pouvoir, l’opposition exige la satisfaction d’un certain nombre de doléances dont le rétablissement de la confiance entre les deux protagonistes, l’organisation concertée d’élections municipales et législatives, le retour de l’armée dans les casernes avec interdiction de s’ingérer dans les affaires politiques, la mise en place d’une nouvelle CENI, la révision de la composition des membres du Conseil Constitutionnel, la redéfinition du statut de chef de file de l’opposition et l’organisation d’élections présidentielles anticipées après un accord sur leur mode d’organisation.

Quoiqu’il en soit, ce dialogue semble inéluctable et le président Ould Abdel Aziz qui, se montrait jusque là inflexible face à une opposition qu’il ignorait crânement, commence à lâcher du lest car, il a peut être compris qu’il y va de son intérêt et de celui du pays.

Face à la crise multidimensionnelle que traverse la Mauritanie, avec une paupérisation galopante et une contestation qui va crescendo, il va falloir s’asseoir sur la table des négociations pour tenter de sauver les meubles.

Acculé de toutes parts, Ould Abdel Aziz qui pense déjà, peut être, à un coup de force constitutionnel, qui lui permettrait de poursuivre son odyssée à la tête du pays, gagnerait beaucoup plus en discutant avec l’opposition à laquelle, il pourrait une fois de plus jouer l’un de ces tours dont il a le secret.

Bakari Guèye

 

Partagez

Commentaires