Menace terroriste au Maghreb : Une réalité prise très au sérieux

7 mai 2016

Menace terroriste au Maghreb : Une réalité prise très au sérieux

le 360
Crédit photo: Le 360

La montée en flèche des extrémismes est une réalité au Maghreb où tous les pays de la région sont sur le qui-vive pour faire face à une menace terroriste de plus en plus pressante.

Cette région qui a par le passé servi de repères aux groupes extrémistes (l’Algérie notamment) est contiguë à la zone sahélienne (avec le Nord Mali surtout) où ces groupes prolifèrent et prospèrent.

L’ampleur du péril terroriste diffère d’un pays à l’autre.

Seulement, aucun pays n’est épargné et le quotidien des populations est émaillé d’attaques et d’actions menées ici et là par ces groupes de plus en plus dangereux et insaisissables.

La Libye, un nouveau sanctuaire pour les terroristes

La chute du guide de la révolution libyenne du 1er septembre, Mouamar Ghadafi n’a pas fait que des heureux. Bien au contraire, cette chute a profondément bouleversé la donne géostratégique dans la région et poussé la Libye dans le chaos.

En effet, depuis cette chute, le pays a vu affluer les groupes les plus dangereux (Al Qaida et Daech, pour ne citer que ceux-là).

Ces organisations se livrent à une guerre sans merci,  au grand dam des libyens qui ne savent plus à quel saint se vouer.

Malgré l’accord politique obtenu en avril dernier, parrainé par la communauté internationale avec la mise en place du Conseil d’État libyen, ce dernier a du mal à imposer son autorité sur l’ensemble du pays.

Et par conséquent, la situation sécuritaire demeure très précaire.

C’est ainsi qu’on a assisté pendant les derniers jours du mois d’avril 2016 à de violents combats dans la ville de Derna entre combattants d’Al Qaida et ceux de Daech ; des combats qui ont beaucoup affecté les populations civiles.

Cette situation s’étend à d’autres grandes villes de la Libye comme Syrte où Daech fait la loi. En mars dernier, l’organisation avait sévi contre les notables des tribus Ghdadfa(tribu de Ghadafi) et El Vourjane.

La Tunisie dans l’œil du cyclone

Dans la Tunisie voisine, la situation n’est pas non plus de tout repos pour les nouvelles autorités, largement débordées par le défi sécuritaire.

Les forces armées tunisiennes qui ont réussi à déjouer en mars dernier une invasion de grande ampleur planifiée par Daech contre la ville de Benguerdane, sont soumises à rude épreuve.

Ces derniers mois, des attaques spectaculaires revendiqués alternativement par Daech et Al Qaida, ont fait plus d’une centaine de morts dont des dizaines d’étrangers.

Le 5 mai dernier, le ministère de l’intérieur a annoncé le démantèlement de deux cellules qui s’apprêtaient à frapper des centres commerciaux et des sièges de partis politiques.

Les Neuf personnes interpellées seraient affiliées à la katiba Okba Ibn Nafi d’ Aqmi.

La Tunisie qui est de loin le pays maghrébin le plus touché par le phénomène de l’enrôlement dans les rangs des groupes islamistes doit faire face à une recrudescence de l’activité des djihadistes retranchés dans les montagnes du mont Chaâmbi, situées dans le centre-ouest du pays.

L’Algérie débordé malgré sa puissance

L’Algérie qui a déjà payé un lourd tribut au terrorisme a toujours du mal à s’en prémunir et ce malgré la puissance de feu et la longue expérience de ses forces de sécurité.

Ancien fief des redoutables GIA et autre GSPC, ancêtres d’AQMI, le pays de Mokhtar Belmokhtar a toujours du mal à enrayer les nombreuses poches de terrorisme encore présentes sur son territoire.

Quand on sait que la direction d’AQMI a encore ses bases en Algérie et que, « Jound Al Khalifa » (filiale de Daech en Algérie) commence à prendre de l’élan, on voit bien que les autorités algériennes ont toujours du pain sur la planche.

L’opération d’In Aménas menée en 2013 par les hommes de Belmokhtar a largement contribué à mettre en exergue les failles du système sécuritaire jugé jusque là, fiable.

Et, depuis, on assiste à un renforcement considérable du verrou sécuritaire et à la mise sur pied d’une stratégie de containment(endiguement).

Mais malgré tout, les terroristes ne baissent pas les armes et des opérations sont régulièrement tentées comme à In Salah, il y a quelques mois.

Plus récemment, en avril dernier, des refuges pour terroristes et des outils de fabrication d’explosifs avaient été détruits par l’armée algérienne à Boumerdès, Jijel et Skikda.

Vigilance renforcée au Maroc

Au Maroc, la menace terroriste est prise très au sérieux et ce d’autant plus que des informations font état du démantèlement de près d’une trentaine de cellules terroristes ces deux dernières années.

En février dernier, on a frôlé la catastrophe de justesse avec la mise hors d’état de nuire d’une cellule de Daech qui était sur le point de mener un attentat d’une grande ampleur avec l’usage de produits chimiques et bactériologiques.

Les villes de Rabat et Casablanca étaient les cibles.

Le 29 avril dernier, une autre cellule de Daech a été démantelée à Nador.

L’anticipation des forces de sécurité du royaume a jusque-là fait des émules mais on est bien conscient que le péril est dans la demeure.

La Mauritanie, une stratégie qui fait des émules

De tous les pays du Maghreb, la Mauritanie est le plus démuni et passe pour être l’un des plus exposés aux affres du terrorisme.

Ainsi, de 2003 à 2011, le pays a été durement frappé par les attaques terroristes menées notamment par la katiba Al Forqane d’AQMI.

Mais, la mise sur pied d’une nouvelle stratégie militaire et la modernisation de l’armée (entrée en action de l’aviation) à partir de 2009 ont vite porté leurs fruits.

En effet, grâce à la création de zones militaires fermées sur les frontières Nord et des GSI (Groupes Spécialisés d’ Intervention), les résultats ne se sont pas fait attendre.

L’armée mauritanienne a ainsi repris l’initiative et des opérations réussies ont été menées contre les camps d’AQMI au Nord du Mali.

Depuis, toutes les opérations d’AQMI contre la Mauritanie ont été déjouées.

Il y a quelques semaines, le président mauritanien a passé quelques jours de vacances dans la zone de Bir Moghrein, à l’extrême Nord du pays, une zone qui jusqu’à une période récente était un no man’s land, une plaque tournante pour tous les trafics et un point de passage utilisé par les terroristes en direction de l’Algérie ou le Nord Mali.

Le 03 mai 2016, le président a effectué une visite de 48 heures dans la région du Hodh oriental aux confins de la frontière malienne, non loin des zones où s’activent les groupes terroristes, notamment AQMI.

Ces deux séjours du président mauritanien dans des zones naguère jugés dangereuses confortent l’idée selon laquelle la situation sécuritaire est en nette amélioration.

Bakari Guèye

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