Mauritanie/Rétrospective 2015: Une année riche en événements

4 janvier 2016

Mauritanie/Rétrospective 2015: Une année riche en événements

carte-drapeaux-mauritanie
Crédit photo:google

Les mauritaniens ont été profondément marqués par une année 2015, riches en événements, malheureusement pas toujours heureux.
Cette année s’est terminée par un événement tragique. Il s’agit du décès du fils cadet du président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, emporté par la grande faucheuse en compagnie de l’un de ses collaborateurs au sein de la fondation Errahma, le journaliste Cheikh Oumar N’Diaye, a suscité une grande émotion au sein de l’opinion mauritanienne, et de la classe politique, toutes tendances confondues.
Le défunt, Ahmed, 24 ans, se trouvait dans cette région pour distribuer des aides humanitaires aux populations nécessiteuses.
Il dirigeait l’Organisation non gouvernementale de bienfaisance Rahma (miséricorde) qui appuie les personnes sans ressources dans divers domaines (vivres, vêtements, outils scolaires etc..) dans les différentes régions de Mauritanie. Les causes de l’accident n’ont pas été communiquées jusqu’à présent.
Dès l’annonce de cette mort , au cours d’un accident de la route non loin de la ville de Tintane, au Hodh El Gharbi une région à l’est du pays, à quelque 800 kilomètres de Nouakchott, un énorme élan de solidarité est né, spontanément et les mauritaniens ont sans exclusive exprimé leur peine et leur compassion pour la famille éploré.
C’est ainsi que des milliers de personnes, des chefs d’états africains, de grandes personnalités politiques, de la société civile et ordinaires ont défilé au domicile présidentiel pour présenter leurs condoléances et ce au lendemain d’une prière mortuaire qui a réuni une foule immense à la mosquée Ibn Abass au centre de la capitale.
Autre fait marquant de cette année écoulée, la grève des mineurs de la SNIM qui a duré des mois et faillit mettre cette société, poumon de l’économie nationale, à genoux.
Déclenchée à Zouerate, dans le nord du pays, c’est la plus longue qu’ait jamais connu la société d’Etat qui exploite le minerai de fer. Plus de 3 000 mineurs demandent entre autres une augmentation de salaire promise l’année d’avant par la direction. Depuis, la grève s’est étendue aux salariés de Nouadhibou. Les négociations entre syndicats et direction, ont trainé en longueur. Et, il aura fallu l’intervention providentielle du maire de Zouérate, bras droit du président pour mette un terme à cette grève.
2015, ce fut aussi l’année de l’enseignement annoncée tambour battant par le président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz, à l’occasion du 54ème anniversaire de l’indépendance nationale.
Cette annonce intervient à un moment où le système éducatif national se trouve dans une très mauvaise passe marquée par une baisse inquiétante des niveaux et une perte de crédibilité totale au sein de l’école mauritanienne.
Malheureusement cette annonce ne convainquit pas grand monde et surtout pas les enseignants habitués à des déclarations du genre qui ne sont, le plus souvent, que des vœux pieux.
Rappelons que M. le président qui venaint d’entamer son second mandat avait promis lors du premier que le redressement du secteur éducatif serait la priorité des priorités. Mais hélas, il n’en a rien été et la situation a évolué de mal en pis.
En réaction à cette énième déclaration pompeuse du président de la République, le Syndicat National de l’enseignement secondaire (SNES) nota dans un communiqué daté du 28 novembre : « Nous apprécions également la déclaration du président de la République de l’année 2015 « année de l’enseignement ». Nous espérons que cette déclaration ne sera pas qu’un slogan.
Même si au cours de cette année, les autorités mauritaniennes ont multiplié les initiatives, les résultats se font toujours attendre.
En effet, les résultats du bac 2015 furent une catastrophe. C’est ainsi que sur près de 40 000 candidats, toutes filières confondues, il n’y a eu que 3 134 admis en première session soit un taux largement en deçà des 10 %.
Au sein de 7 centres d’examen, situés à l’intérieur du pays, il n’y a eu aucun admis (Djiguéni, M’bagne, Rachid, Lexeiba 1, Achram, Djéol et Tiguint).
Ce sont donc là des résultats peu reluisants et qui sont en porte à faux avec cette fameuse année de l’enseignement.
Ironie du sort, on aura assisté à une organisation des plus chaotiques pour le baccalauréat avec l’utilisation à grande échelle par les candidats des supports de pointe dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (téléphones portables dernier cri, Hi Phone, Smartphone,…)
Et pour couronner ce tableau, il y a eu cette fuite concernant le sujet de physique-chimie pour les candidats au bac scientifique. La fuite fut d’une ampleur d’autant plus importante que les autorités du ministère de l’Éducation se sont vues dans l’obligation de reconnaître les faits et de recommencer l’épreuve pour un examen dont la crédibilité avait été largement écornée.
Sur le plan politique, la situation n’a pas bougé d’un iota. Et, le dialogue politique tant souhaité –du moins en apparence-par les acteurs politiques de l’opposition et de la majorité a eu du mal à prendre forme.
C’est ainsi qu’on ira de report en report et les supputations vont bon train.
Les dernières déclarations de Me Ahmed Salem Ould Boyuhoubeyni, le tout nouveau président du forum national pour la démocratie et l’Unité (FNDU) ne sont pas pour déverrouiller l’énigme qui entoure la participation ou non de ce pôle politique.
Pour le patron du FNDU : « Si le pouvoir a réellement la volonté d’entamer un dialogue sérieux attendu par tous les mauritaniens, il doit, pour montrer sa bonne foi, et nous prenons le peuple à témoin, reprendre le processus de contacts et de négociations avec le FNDU. Et, nous attendons sa réponse. »
Cette disponibilité au dialogue a été bien accueillie dans le camp adverse. Dans un communiqué en date du 23 octobre, les partis de la majorité présidentielle saluent cette volonté sans équivoque d’aller au dialogue, ils se disent prêts à discuter avec le FNDU des modalités pratiques de ce dialogue et réaffirment leur conviction sur le fait que seul le dialogue est en mesure de décanter la situation politique du pays.
Mais on attend toujours.
Autre gros problème qui a préoccupé les mauritaniens, c’est la sécurité et notamment l’Insécurité à Nouakchott avec les vols et les crimes devenus monnaie courante. Les populations ont exprimé leur ras-le-bol car la capitale mauritanienne est en passe de battre un triste record du fait de l’insécurité galopante qui fait que ses habitants livrés à eux-mêmes ne savent plus à quel saint se vouer.
En effet les agressions, les vols à main armée, les meurtres sont devenus monnaie courante.
Et, le meurtre de la commerçante Khedouje Mint Abdel Mejid tuée à coups de poignard, ce mardi 8 Décembre, de la part d’un malfaiteur, aura été la goutte qui a fait déborder le vase.
L’assassinat de cette paisible citoyenne a suscité une grande colère des usagers du marché qui ont organisé, ce mercredi, une marche gigantesque vers le palais présidentiel réclamant plus sécurité dans le marché et à ses alentours surtout à la tombée de la nuit.
Les manifestants ont demandé l’application de la loi du Talion à l’endroit du meurtrier du marché
Une manifestation similaire a été organisée avec des centaines de personnes dans les rangs desquels on comptait des parlementaires et des personnalités de la société civile.
La manif s’est ébranlée à partir de la mosquée Ibn Abbas en direction de la présidence pour exiger l’application de la loi du Talion à l’endroit du meurtrier de la commerçante du marché.
Face à ce tollé, le gouvernement a réagi timidement en décidant de diviser la capitale en trois secteurs dont la sécurité sera confiée à la gendarmerie, à la garde et à la police.
Une disposition qui fait partie des nouvelles mesures adoptées par le gouvernement afin de lutter contre l’insécurité dans la capitale.
Cette mesure a été annoncée récemment par le ministre de la communication et des relations avec le parlement, porte-parole du gouvernement Mohamed Lemine O. Cheikh, lors d’une conférence de presse.
A noter à ce sujet que l’Assemblée Nationale a consacré une séance plénière, sous la présidence du député Mohamed Ould Boilil, son président, à la réponse du ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, M. Ahmedou Ould Abdallah, à la question posée par le député Mahfoudh Ould Jiyid.
Une question qui traite entre autre de la situation sécuritaire dans la capitale.
Le député a appelé le gouvernement à renforcer la sécurité à Nouakchott et à appuyer la police nationale pour qu’elle joue son rôle de manière convenable et faire face aux criminels en les empêchant de commettre leurs forfaits.
Au sujet du rôle de la police nationale, le ministre de l’intérieur et de la décentralisation a indiqué que la création du Groupement Général de la Sécurité Routière (GGSR) est intervenue pour renforcer ce rôle. Il a pour tâche d’organiser la circulation routière et de préserver cette sécurité sur les routes pour permettre à la police de se consacrer à ses missions classiques.
Il a précisé que ces missions résident dans la lutte contre le crime, le contrôle des frontières et la lutte contre l’immigration illégale, relevant l’attention dont bénéficie la police dont le budget est parmi les mieux dotés des administrations sécuritaires du pays.
Le ministre a souligné les efforts consentis au niveau de Nouakchott qui abrite le tiers de la population de la Mauritanie. Il a affirmé que ces efforts ont contribué à offrir la sécurité à Nouakchott notamment à travers l’éradication des quartiers précaires et à la disponibilisation de l’électricité dans les différents quartiers de la ville.
M. Ould Abdallah a évoqué le plan mis en œuvre pour sécuriser la capitale.
Le ministre a conclu en disant que ces mesures vont permettre, par la même occasion, en cas de crime, d’appréhender, dans les meilleurs délais, les auteurs et de les présenter à la justice pour écoper de la peine qu’ils méritent.
Au cours de l’année 2015, la SOMELEC n’a pas brillé par son électricité et les Nouakchottois étaient régulièrement plongés dans le noir, et le comble c’est le fait que les habitants de la capitale ont fini l’année dans le noir.
Pourtant la SOMELEC a franchi des pas importants
Avec une croissance exponentielle de l’offre, une croissance malheureusement qui n’allie pas la quantité à la qualité du service.
Cette situation malencontreuse que d’aucuns expliquent par l’opacité de l’attribution des marchés et la mauvaise qualité du matériel porte un tort énorme aux habitants et aux entreprises qui sont les grands perdants dans cette histoire.
Et au moment où la plupart des citoyens portent un doigt accusateur vers les agents de la SOMELEC qui se comportent comme en pays conquis, ladite société est incapable d’honorer ses engagements en assurant la fluidité du service.
Autres déboires vécus par les Nouakchottois en 2015.C’est la maladie.
La pays a fait face pendant plusieurs mois à une situation sanitaire préoccupante, situation aggravée par l’apparition d’une épidémie de la fièvre de la vallée du Rift venue s’ajouter à la dengue qui a térrassé des milliers de personnes.
Malgré les dénégations des autorités sanitaires et les discours du ministre de la Santé et de ses principaux collaborateurs qui soutiennent que tout est rose, le doute n’avait plus de place concernant le mal qui a sévi dans le pays. De plus, la fuite dans la presse d’une lettre du secrétaire général du ministère de la Santé adressée à l’OMS sous le sceau de l’urgence a contredit toutes les théories avancées jusque-là pour calmer l’opinion publique.
Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé fut invitée à intervenir d’urgence pour aider à circonscrire le mal avant qu’on en arrive à une épidémie de type A.
Selon cette lettre, la maladie a d’ores et déjà fait son apparition dans 12 départements du pays, dont 2, à Nouakchott, à savoir les départements de Dar Naim et Riyad. La lettre précise que le nombre de décès s’élève à 8 parmi les cas suspects. A ce jour on compte 25 cas suspects. Un chiffre qui risque d’augmenter vu l’incapacité des autorités sanitaires à freiner la progression exponentielle de l’épidémie de la dengue qui sévit elle aussi à une très grande échelle un peu partout dans le pays et notamment à Nouakchott où on dénombre des milliers de personnes atteintes.
Un tableau donc peu reluisant pour ne pas dire apocalyptique, un tableau que les autorités sanitaires tenaient coûte que coûte à cacher à l’opinion pour on ne sait quelles raisons.
L’une des rares satisfactions pour cette année 2015, fut l’annonce de la réception dans les tout prochains mois
De l’aéroport international Oum Tounsi de Nouakchott.
Une réalisation importante qui a forcé l’admiration de tous les mauritaniens.
L’aéroport international Oum Tounsi est construit sur une superficie de 18000 m² et comprend 2 pistes d’atterrissage de 3,4 km et 2,6 km de long pouvant recevoir de gros avions (Airbus 380) et (Airbus 780).
Il comporte aussi des salons d’honneur, une salle d’attente, une autre de chargement, des airs de stationnement d’avions, un hangar pour la maintenance d’une superficie de 4800m² en plus d’une mosquée, des bâtiments administratifs et d’une caserne de sapeurs-pompiers.
Les travaux de construction de cet aéroport, qui peut recevoir plus de deux millions de voyageurs, ont ainsi presque achevés.
Bakari Guèye

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