29 septembre 2018

En Mauritanie, une rentrée scolaire comme les autres

Credit photo: BG

A la veille de la rentrée scolaire prévue le 1er octobre, le ministre de l’Education nationale n’a pas dérogé à la règle en présentant à l’occasion d’une conférence de presse, un bilan hautement positif notamment en ce qui concerne les infrastructures scolaires et le recrutement des enseignants.

Il y a aussi, à en croire le ministre, la mise à disposition du livre scolaire. C’est ce tableau très reluisant qu’il a présenté dans son discours à la famille scolaire et à l’opinion publique, qui a été largement diffusé par les médias.

Dans son bilan pour la décennie qui vient de s’écouler, le ministre de l’éducation nationale, a parlé de la construction de 409 établissements scolaires et du recrutement de 5000 enseignants au cours de la période allant de 2009 à 2018.

Seulement, le ministre a omis de parler de l’essentiel à savoir les résultats obtenus suite à ces investissements colossaux qui se chiffrent à des dizaines, voire des centaines de milliards de nos valeureuses ouguiyas.

En effet, sur ce plan la moisson est très maigre avec un enseignement d’une qualité quasi nulle et des résultats au baccalauréat avec l’un des taux d’admission les plus bas au monde.

Et la création d’écoles d’excellence et d’établissements spécialisés avec des critères qui laissent à désirer n’a pas changé grand-chose.

Ainsi, le manque cruel de formation des enseignants avec des niveaux lamentablement bas, l’absence quasi-totale de matériel didactique approprié et notamment de manuels scolaires, la carence et l’insuffisance de l’encadrement pédagogique, le mauvais pilotage du système, les conditions de vie et de travail exécrables des enseignants, tous ces facteurs ont contribué à la mise à genoux de l’école mauritanienne.

Et ce n’est pas fini : il y a aussi l’inadaptation des programmes scolaires et des méthodes d’enseignement. Ainsi, en quelques années seulement on est passé des méthodes traditionnelles à l’APC (Approche par les compétences) puis à l’APO (Approche par les objectifs) depuis l’année dernière. Et le comble c’est que tous ces changements récurrents de programmes et de méthodes se font entre quatre murs, sans concertation avec les enseignants qui sont sur le terrain et qui du jour au lendemain sont invités « par décret » à appliquer des choses dont ils n’ont jamais entendu parler. Et bien entendu, ces changements et ce remue-ménage constant coûtent des milliards au contribuable pour un résultat nul.

Cette descente aux enfers s’est accélérée depuis la réforme de 1999 dont l’application bâclée continue encore à faire des dégâts.

L’autre fois c’est un responsable américain qui a visité une école récemment construite à Dar El Barka (Brakna), un édifice si bien construit que notre hôte n’a pas hésité à comparer au « Taj Mahal » et, tenez vous bien, les habitants de cette localité vivent en dessous du seuil de pauvreté. C’est dire que cette infrastructure n’a pas sa raison d’être et on aurait dû exploiter plus judicieusement ce financement colossal. Cela dénote d’une dilapidation des biens publics et d’une absence manifeste de vision qui constitue un frein, entre autres, pour la mise sur les rails du système éducatif mauritanien.

Bakari Guèye

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