Mauritanie : Election de la présidente de la CUN au bureau exécutif de l’association des maires francophones : Un paradoxe flagrant

Article : Mauritanie : Election de la présidente de la CUN au bureau exécutif de l’association des maires francophones : Un paradoxe flagrant
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9 novembre 2014

Mauritanie : Election de la présidente de la CUN au bureau exécutif de l’association des maires francophones : Un paradoxe flagrant

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Mati Mint Hamadit/Photo:AMI

La présidente de la Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN), Mme. Maty Mint Hamady a été élue, jeudi 06 novembre 2014, membre du bureau exécutif de l’Association Internationale des Maires Francophones.Cette nomination est d’autant plus paradoxale que cette dame s’est distinguée par son aversion avérée au français en posant comme premier acte de son mandat à la tête de la CUN en 2013, l’interdiction de la langue de Molière au sein de l’administration de son institution.
Cette décision entre dans le cadre de la politique d’arabisation menée par les autorités mauritaniennes pour plaire à la communauté arabe du pays ainsi qu’au monde arabe, et ce, au grand dam d’une importante frange de la population constituée en majorité de négro-africains, des francophones pour la plupart.
Depuis l’indépendance du pays, la question de la langue a profondément divisé les mauritaniens. La langue française, l’une des rares richesses léguées par la colonisation a toujours été perçue par la composante arabe de la population comme un intrus qu’il fallait combattre coûte que coûte. Mais, la composante négro-africaine de la population mauritanienne qui avait profité beaucoup plus de l’enseignement du français, n’entendait pas se laisser faire, en acceptant du jour au lendemain, d’abandonner le français au profit de l’arabe.
En 1966, il y a eu l’adoption d’une loi qui oblige tous les écoliers mauritaniens dans le secondaire à apprendre l’arabe. Une autre réforme en 1967 touchait l’enseignement fondamental. Ces deux réformes ont amené les dirigeants à l’époque à réviser la constitution en 68 pour faire de l’arabe la langue officielle du pays avec le français.
Au début des années 80 avec l’avènement du régime de Ould Taya, on assistera à l’arabisation à outrance du système éducatif, une arabisation bâclée pour plaire au monde arabe et notamment à l’Irak (dirigé par le parti panarabiste Baath) qui fut l’un des soutiens inconditionnels du régime.
La tendance se poursuivra avec la « démocratisation » et l’adoption de la constitution de 1991 qui fit de l’arabe la langue officielle du pays.
En août dernier, les autorités militaires ont décidé que, toutes les correspondances entres les états majors ou entre les unités de l’armée se feront en langue arabe.
La mesure exclue les correspondances internationales qui pourront se faire en d’autres langues en fonction des besoins.
Et ironie du sort, cette mesure a été suivie quelques semaines plus tard par la nomination d’un ministre de la défense francophone voire francophile. Comprendra qui pourra !
Notons dans le cadre de cette guerre déclarée contre le français en Mauritanie que, le député UPR(parti-Etat), El Khalil Ould Tiyib a déchiré en mars dernier en pleine session, un rapport élaboré par la Commission des finances de l’Assemblée Nationale, et ce, en protestation à sa présentation en langue française.
Bakari Guèye

 

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